Le naufrage d'un chalutier chargé de migrants au large de la Libye ce weekend fait redouter la "pire tragédie" de ce type en Méditerranée, avec quelque 700 présumés disparus, et accentue encore la pression sur l'Europe, sommée d'agir.
Dimanche en fin d'après-midi, le bilan officiel de ce nouveau drame naufrage, survenu dans la nuit de samedi à dimanche dans les eaux libyennes, était de 24 morts et 28 rescapés, ont indiqué les garde-côtes italiens, qui coordonnent les secours.
Mais il risque d'être beaucoup plus lourd à mesure que le temps passe, des survivants, cités par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), ayant fait état de 700 personnes à bord.
Les garde-côtes italiens ne confirment pas ce chiffre de 700, mais précisent que ce chalutier de 20 mètres de long "est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes".
L'Union européenne (UE), sommée d'en faire plus depuis des jours et à chaque nouveau drame, a annoncé qu'elle allait réunir ses ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur pour prendre des mesures.
- Il s'agit "de la vie humaine" -
Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a de son côté réclamé dimanche la réunion, avant la fin de la semaine, d'un sommet européen sur ce sujet.
"On ne parle pas de choses banales, mais bien de la vie humaine", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse
La chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a pour sa part décidé de mettre cette question à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg.
Face à "une accélération" des drames depuis le début de l'année, "nous devons agir", a déclaré dimanche le président français François Hollande, indiquant avoir parlé avec Matteo Renzi.
Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterrez, a lui aussi plaidé dimanche pour une action urgente face à ce qui représente potentiellement "la pire tragédie" de migrants jamais intervenue en Méditerranée.
Ce nouveau drame fait suite à deux naufrages la semaine dernière, dont l'un a fait 400 disparus, et l'autre plus de 40, selon le récit de survivants à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et à des ONG. A l'issue du premier naufrage, les garde-côtes avaient repêché neuf corps.
- Importante opération de secours -
Dans la nuit de samedi à dimanche, le chalutier a lancé un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens, qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. A son arrivée sur zone, à environ 120 milles (220 km) au sud de l'île italienne de Lampedusa, l'équipage du cargo a vu le chalutier chavirer. C'est probablement quand les centaines de migrants à bord se sont précipités du même côté en voyant le cargo que le drame s'est produit, ont indiqué les garde-côtes italiens dans un communiqué.
Une importante opération de secours a été mise en oeuvre, avec le concours de quelque 18 navires des marines italienne et maltaise notamment, dès réception de l'alerte vers minuit (22H00 GMT).
Chaque jour, entre 500 et 1.000 personnes sont récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Plus de 11.000 l'ont été en une seule semaine, selon les garde-côtes.
Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont dénoncé ces derniers jours l'incurie de l'UE. "Il faut une opération Mare nostrum européenne", a ainsi réclamé le HCR. L'opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants a été remplacée cette année par Triton, une opération de surveillance des frontières beaucoup plus modeste.
Sans compter cette nouvelle tragédie, plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l'année en effectuant la traversée entre la Libye et l'Italie, contre moins de 50 sur la même période l'année dernière, quand Mare nostrum était encore en place, ont relevé cette semaine les organisations humanitaires.
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