A deux ans de la présidentielle, François Hollande a réaffirmé dimanche sur Canal+ sa volonté de ne "rien lâcher" dans la lutte contre le chômage tout en s'attachant à apaiser les inquiétudes à propos de la loi sur le renseignement.
A ceux qui s'alarment de possibles atteintes aux libertés, le chef de l'Etat s'est engagé à saisir lui-même le Conseil constitutionnel sur ce texte qui suscite l'inquiétude de nombreuses associations.
Mais il s'est surtout longuement exprimé sur le chômage qui flirte toujours avec des niveaux records. "Je ne veux rien lâcher", a-t-il martelé, ajoutant toutefois: "il y aura une campagne, nous verrons si j'y serai".
Aux Français déçus par son action, trois ans après son arrivée à l'Elysée, le chef de l'Etat a répliqué: "je me battrai pendant les deux années qui me restent pour atteindre l'objectif que j'ai fixé, la baisse du chômage" sans "baisser à aucun moment la garde" même si "c'est long".
Le non retournement de la courbe du courbe du chômage déjà promis pour la fin 2013, un échec majeur? "Oui", a acquiescé François Hollande, reconnaissant aussi que 600.000 chômeurs supplémentaires sont venus frapper à la porte de Pôle emploi depuis le début de son quinquennat.
Concrètement, le président de la République a annoncé son intention "d'élargir" le champ des bénéficiaires de la prime d'activité, un complément versé aux bas salaires à partir de 2016, mais sans préciser à qui, apprentis ou étudiants salariés, une mesure pourtant attendue.
Il a également annoncé des "avantages" pour les petites entreprises qui prendront des "apprentis mineurs", affirmant que celles-ci ne "paieront plus rien" sur ces emplois à compter de la rentrée 2015.
"Je vois bien qu'il y a des attentes, parfois des colères", a concédé le président de la République dont la popularité, spectaculairement remontée dans la foulée des attentats de janvier, replonge. Huit Français sur dix (79%) se disent insatisfaits de son action, selon une enquête Opinionway publiée vendredi.
- "Moi président, je choisis mes costumes" -
Comme un nouveau signe d'ouverture vers la gauche du PS, François Hollande a repris presque mot à mot la rhétorique de Martine Aubry pour estimer que "la grande réforme sociale du quinquennat au-delà de la pénibilité, de la retraite", ce sera "le capital de ceux qui travaillent" c'est à dire "le compte formation".
Plus généralement, il s'est dit "prêt" à introduire une dose de proportionnelle "dans l'année 2016" tout en soulignant que le Front national qui la réclame à cor et à cris bénéficiait d'une large place dans "le débat démocratique".
"Mme (Marine) Le Pen, M. (Florian) Philippot, ils sont interdits d'antenne () ils sont privés du droit d'expression ?", s'est-il interrogé, se disant à demi-mot prêt à débattre le cas échéant avec la présidente du FN si elle parvenait au second tour en 2017.
Mais l'interview du "Supplément" s'est ouverte sur un drame: le naufrage d'un chalutier chargé de migrants au large de la Libye en Méditerranée qui aurait fait quelque 700 morts.
Les passeurs sont des "terroristes car ils savent parfaitement que ces bateaux sont pourris", a condamné le président Hollande qui a réclamé "le renforcement du nombre de bateaux" de l'opération européenne de surveillance.
A cette fin, il a demandé une réunion européenne d'urgence des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de l'UE.
Alors que le choix de cette émission mêlant information et divertissement, a été critiqué, le chef de l'Etat a prévenu : "je ne peux pas me livrer en spectacle", refusant la "familiarité".
Balayées donc les indiscrétions de Closer et Voici sur sa liaison avec la comédienne Julie Gayet: "Pour moi, elles n'existent pas (). Elles me touchent mais elles ne doivent pas me concerner".
Seule concession au style de l'émission, tandis que "L'inspecteur Beaugé" commentait ses choix vestimentaires, le président a prolongé sa célèbre anaphore du débat télévisé qui l'opposait à Nicolas Sarkozy pendant la campagne: "moi président, je choisis mes costumes".
Au chapitre international, François Hollande a confié que Paris était "en train de négocier" avec Moscou "pour trouver une solution de sortie de crise" sur la question des navires de guerre Mistral.
Le maître du Kremlin Vladimir Poutine, qu'il retrouvera vendredi en Arménie, a jugé jeudi cette affaire "sans importance" pour la défense de son pays, partant toutefois du "principe que les autorités françaises, les Français, étant des gens corrects, ils (lui) rendront l'argent".
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