A deux ans de la présidentielle de 2017, François Hollande a réaffirmé sur Canal+ sa volonté de ne "rien lâcher" dans la lutte contre le chômage tout en s'attachant à apaiser les inquiétudes sur la loi sur le renseignement.
A ceux qui s'inquiètent de possibles atteintes aux libertés, le chef de l'Etat s'est engagé à saisir lui-même le Conseil constitutionnel sur le texte examiné au Parlement.
Mais il s'est longuement exprimé aussi sur le chômage qui flirte toujours avec des niveaux records. "Je ne veux rien lâcher", a-t-il martelé à ce propos, ajoutant toutefois: "il y aura une campagne nous verrons si j'y serai".
Aux Français déçus par son action, trois ans après son arrivée à l'Elysée, le chef de l'Etat a répliqué: "je leur dis que 5 ans, c'est le mandat qui m'a été confié, et je me battrai pendant les deux années qui me restent pour atteindre l'objectif que j'ai fixé, la baisse du chômage" sans "baisser à aucun moment la garde".
Le non retournement de la courbe du courbe du chômage déjà promis pour la fin 2013, un échec majeur? "Oui", a acquiescé François Hollande, reconnaissant aussi que 600.000 chômeurs supplémentaires sont venus frapper à la porte de Pôle emploi depuis le début de son quinquennat.
L'emploi "c'est la question majeure, je ne cesserai pas, jusqu'au bout, de faire des réformes pour qu'il y ait plus d'emplois", a-t-il insisté, même si mettre un terme à des décennies de progression continue du chômage "c'est long".
Un Français sur cinq seulement se dit satisfait de son action contre huit sur dix (79%) qui sont d'un avis contraire, selon une enquête Opinionway publiée vendredi.
"Je vois bien qu'il y a des attentes, parfois des colères", a concédé l'intéressé, jugeant que "le pire, c'est la résignation" de "ceux qui n'attendent rien".
Comme un signe d'ouverture vers l'aile gauche du PS, François Hollande a repris presque mot à mot la rhétorique de Martine Aubry pour estimer que "la grande réforme sociale du quinquennat au-delà de la pénibilité, de la retraite", ce sera "le capital de ceux qui travaillent" c'est à dire "le compte formation".
- "Je ne veux pas être familier" -
Mais l'interview du "Supplément" s'est ouverte sur un drame: le naufrage d'un chalutier chargé de migrants au large de la Libye en Méditerranée qui aurait fait quelque 700 morts. Ils viendraient s'ajouter aux 450 de la semaine dernière.
Les passeurs sont des "terroristes car ils savent parfaitement que ces bateaux sont pourris", a condamné le président de la République qui a réclamé "le renforcement du nombre de bateaux" de l'opération européenne de surveillance baptisée, Triton.
A cette fin, le président français a demandé une réunion européenne d'urgence des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de l'UE.
Alors que le choix de cette émission mêlant information et divertissement, a été critiqué, le chef de l'Etat a prévenu par ailleurs: "je ne peux pas me livrer en spectacle", refusant la "familiarité".
"Je suis très amical avec mes amis, très proches avec les Français mais je ne veux pas être familier", a-t-il souligné.
En choisissant d'anticiper la date anniversaire de son élection, le 6 mai 2012, l'entourage du chef de l'Etat avait revendiqué une volonté de "prendre la main" et d'imprimer "le ton et l'esprit" du bilan des trois premières année du quinquennat avant que d'autres ne s'en chargent à sa place.
En attendant les effets salvateurs d'une hypothétique reprise économique qu'il qualifie lui-même de "fragile", François Hollande doit affronter un bilan plutôt sombre avec, en premier lieu, un chômage record et un pouvoir d'achat des Français en berne, sanctionnés par une série de défaites électorales et une impopularité abyssale.
Au moment même où François Hollande s'exprimait, les militants de l'UMP étaient sur les marchés pour une distribution de tracts intitulés: "Un supplément de Hollande? Non merci". Ils entendent dénoncer selon eux les "103 impôts créés ou augmentés" au cours de son mandat ou "la politique laxiste de Christiane Taubira".
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