Les responsables du G20 ont profité vendredi d'une réunion à Washington pour poser des limites à la Grèce, sommée de faire des réformes en échange de l'aide internationale, et aux dérapages des taux de change.
Les ministres des Finances et banquiers centraux des 20 premières puissances économiques mondiales, réunis à Washington en marge de rencontres du FMI et de la Banque mondiale, n'avaient pas mis officiellement la crise grecque à leur agenda.
Mais ils n'ont cessé d'en parler. Le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, a déclaré vendredi: "ne pas parvenir à un accord créerait d'immédiates difficultés pour la Grèce et des incertitudes pour l'Europe et l'économie mondiale dans son ensemble".
Selon un communiqué du Trésor, le responsable américain a encouragé les ministres des finances de la zone euro à "chercher une issue constructive".
Le président américain, Barack Obama, lui-même a exhorté vendredi la Grèce à "engager des réformes".
"Vous devez montrer à vos créanciers et à ceux qui soutiennent votre système financier que vous essayez de vous aider vous-mêmes", a-t-il lancé à l'intention des Grecs.
Mais à croire le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, les discussions entre le pays et ses créanciers internationaux n'avancent guère.
"Il n'y a rien de nouveau. Et je ne suis pas sûr que nous aurons du nouveau" lors d'une rencontre des ministres des Finances de la zone euro le 24 avril à Riga, a-t-il lancé vendredi. Le suspense devrait donc durer au moins jusqu'à la réunion suivante des ministres, le 11 mai.
Athènes doit faire valider par ses partenaires une liste de réformes afin de toucher une aide de 7,2 milliards d'euros. Les responsables grecs et leurs créanciers internationaux se retrouvent à ce sujet à Paris à partir de samedi.
Tout en jugeant "exclu que la Grèce sorte" de la zone euro, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a estimé qu'un tel scénario présenterait surtout un risque "politique" pour le devenir de l'union monétaire mais que, sur le plan économique, "le danger n'était pas de même nature" que lors des précédents épisodes critiques en 2010 et 2012.
Le communiqué officiel publié à l'issue de la rencontre de ce G20 Finances n'a pas fait l'impasse sur un autre sujet épineux, en s'inquiétant ouvertement de la "volatilité" des taux de change, qualifiée de "défi" pour l'économie mondiale.
Dans un message clairement destiné aux marchés et aux partenaires de la zone euro, Michel Sapin a plaidé pour une "stabilité" de l'euro à son niveau actuel.
Il a estimé que "si nous (ndlr: les Européens) avions voulu, ou si nous avions laissé penser que nous voulions aller plus loin dans la diminution de la valeur de l'euro, là on serait rentrés dans une zone dangereuse".
L'appréciation continue du dollar rebat les cartes économiques et financières dans le monde.
Si elle profite aux exportateurs hors des Etats-Unis, elle risque de peser sur la croissance américaine et de compliquer la situation des Etats ou entreprises endettés en dollars.
Valant encore 1,39 dollar en mai 2014, l'euro n'a cessé depuis de glisser vers la parité et cote aujourd'hui autour de 1,08 dollar, du fait de la politique d'assouplissement monétaire très agressive menée par la Banque centrale européenne.
Autre point de friction entre les grands argentiers du monde, cette fois récurrent depuis des années: le blocage par les parlementaires américains d'une réforme du FMI décidée en 2010 et destinée à donner aux pays émergents un plus grand poids.
Depuis plusieurs éditions, le communiqué final du G20 Finances déplore rituellement cette paralysie, et cette fois n'a pas fait exception: "nous restons très déçus du délai persistant" et "appelons les Etats-Unis à ratifier", ont écrit les ministres et gouverneurs de banques centrales.
Ils chargent toutefois le FMI de réfléchir à une "solution intermédiaire".
Le G20 a trouvé un ton plus consensuel pour souhaiter des "projets ambitieux" an matière de développement et de lutte contre le réchauffement climatique, dans la perspective d'une grande conférence à Addis Abeba sur le développement, et à Paris sur le climat (COP21). Le tout en créant un "environnement encourageant pour les pays en développement", parfois méfiants en la matière.
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