Le suspect polonais du meurtre de Chloé, neuf ans, tuée mercredi à Calais (Pas-de-Calais) a été mis en examen pour enlèvement, viol et séquestration suivie de mort, à la veille d'une nouvelle marche organisée samedi, a-t-on appris auprès de son avocat.
"Il n'a pas parlé devant le juge d'instruction, comme il en a le droit", a indiqué son avocat, Antoine Deguines, qui a précisé que le meurtrier présumé parle couramment français, ajoutant qu'il était toutefois assisté d'un interprète.
Pendant sa durée de sa garde à vue, Zbigniew Huminski n'a pas demandé l'assistance d'un avocat, selon Me Deguines, désigné vendredi par le bâtonnier de Boulogne-sur-mer.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer a requis son placement sous mandat de dépôt.
L'homme, qui possède déjà un casier judiciaire chargé, a "immédiatement reconnu son implication dans le décès de l'enfant", avait déclaré jeudi le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi.
Il avait été interpellé quelques minutes après la découverte du corps dénudé de la fillette dans un bois, mercredi à 18H00.
Preuve de l'émotion suscitée, après la marche blanche qui a rassemblé jeudi quelque 5.000 personnes, une nouvelle marche est organisée samedi après-midi (15 heures) à Calais. La célébration des funérailles est elle prévue mercredi en l'église Saint-Pierre de Calais.
Huminski a raconté aux enquêteurs être arrivé à Calais mercredi matin pour se rendre en Angleterre voir sa soeur, s'être garé pour boire une bière, dans une rue où Chloé jouait. Elle s'est approchée de lui et l'a arrosé à l'aide d'un pistolet à eau. L'homme l'a alors empoignée et emmenée de force dans sa voiture.
- Polémique -
Depuis le début de l'enquête, le passé du Polonais a été au centre de l'attention jusqu'à faire naître une polémique dans la classe politique sur d'éventuelles défaillances de la justice, des forces de l'ordre ou des contrôles aux frontières.
L'UMP a fustigé jeudi "la politique de désarmement pénal" en matière de remise de peine, menée, selon elle, par le gouvernement.
"Abaisser à ce point le débat, profiter de ce crime abominable, effroyable, abject pour s'en prendre à la politique pénale du gouvernement qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé, et pour s'en prendre de nouveau à la garde des Sceaux, c'est insupportable", a riposté vendredi le Premier ministre Manuel Valls.
Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a condamné M. Huminski en 2004 à quatre ans de prison et en 2010 à six ans pour notamment des extorsions avec violence, des vols aggravés et une séquestration ou tentative de séquestration.
L'expert Christian Soenen, qui l'a rencontré en 2009 en vue d'un procès, le décrit à l'AFP comme "un psychopathe dangereux, impulsif et imprévisible, avec un manque de regrets et de culpabilité et une forte intolérance à la frustration".
- 'arrêté d'expulsion' -
Le tribunal de Boulogne-sur-Mer a interdit Huminski de territoire en 2014. Mais M. Valensi a affirmé que cette interdiction n'était "pas applicable". Seule une extorsion aggravée et non l'extorsion simple reprochée au suspect était passible d'interdiction, selon un expert.
Mais Huminski n'aurait même pas dû se retrouver en France en 2014 car il avait fait l'objet neuf ans auparavant "d'un arrêté préfectoral d'expulsion du territoire français le 14 septembre 2005, exécuté le 1er décembre 2005", a appris l'AFP auprès de la préfecture du Pas-de-Calais, qui a précisé que cet arrêté "vaut aussi interdiction de revenir en France".
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