Le suspect polonais de l'enlèvement puis du viol et du meurtre de Chloé, neuf ans, était en cours de défèrement vendredi après-midi à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), tandis qu'une polémique naissait dans la classe politique sur d'éventuelles failles du système judiciaire.
La voiture aux vitres teintées transportant Zbigniew Huminski, Polonais, 38 ans, des locaux de la police judiciaire de Coquelles, s'est engouffrée vers 14H15 dans les sous-sols du palais de justice, a constaté une journaliste de l'AFP. Il était accompagné de l'ancien bâtonnier de Boulogne, Antoine Deguines.
L'homme, qui possède déjà un casier judiciaire chargé, a "immédiatement reconnu son implication dans le décès de l'enfant", avait déclaré jeudi le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi.
Le parquet a annoncé à l'AFP qu'il diffuserait un communiqué en fin d'après-midi sur les suites de la procédure.
Après son défèrement, Huminski doit rencontrer un enquêteur de personnalité un juge d'instruction puis un juge des libertés et de la détention (JLD).
Interpellé quelques minutes après la découverte du corps dénudé de la fillette dans un bois, mercredi à 18H00, il pourrait être mis en examen pour enlèvement suivi de mort, et viol sur mineur de 15 ans.
Huminski a raconté aux enquêteurs être arrivé à Calais mercredi matin pour se rendre en Angleterre voir sa soeur, puis s'être garé dans le quartier où vivait Chloé pour boire une bière avant de faire monter la fillette de force dans sa voiture.
Depuis le début de l'enquête, le passé du Polonais a été au centre de l'attention jusqu'à faire naître une polémique dans la classe politique sur d'éventuelles défaillances de la justice, des forces de l'ordre ou des contrôles aux frontières.
- 'Désarmement pénal' -
L'opposition de droite UMP a fustigé jeudi "la politique de désarmement pénal" en matière de remise de peine, menée, selon elle, par le gouvernement socialiste. Elle s'appuie sur la sortie de prison de Huminski quatre ans après sa condamnation en 2010 alors que sa peine était au départ de six ans.
"Abaisser à ce point le débat, profiter de ce crime abominable, effroyable, abject pour s'en prendre à la politique pénale du gouvernement qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé, et pour s'en prendre de nouveau à la garde des Sceaux, c'est insupportable", a riposté vendredi le Premier ministre Manuel Valls.
Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a condamné M. Huminski en 2004 à quatre ans de prison et en 2010 à six ans pour notamment des extorsions avec violence, des vols aggravés et une séquestration ou tentative de séquestration.
L'expert Christian Soenen, qui l'a rencontré en 2009 en vue du procès, le décrit aujourd'hui comme "un psychopathe dangereux, impulsif et imprévisible, avec un manque de regrets et de culpabilité et une forte intolérance à la frustration", relate-t-il à l'AFP.
- 'arrêté d'expulsion' -
Le tribunal de Boulogne-sur-Mer a interdit Huminski de territoire en 2014. Mais M. Valensi a affirmé que cette interdiction n'était "pas applicable" au regard des infractions reprochées au délinquant polonais. Seule une extorsion aggravée et non l'extorsion simple reprochée au suspect était passible d'interdiction, selon un expert.
Huminski a néanmoins "fait l'objet d'un arrêté préfectoral d'expulsion du territoire français à son encontre le 14 septembre 2005, exécuté le 1er décembre 2005; il y a eu un départ effectif en Pologne ce jour là", a appris l'AFP auprès de la préfecture du Pas-de-Calais, qui a précisé que cet arrêté "vaut aussi interdiction de revenir en France".
Que s'est-il passé en Pologne, où Huminski a été remis aux autorités, jugé et condamné à un an de prison ferme le 27 mars 2014 pour tentative de cambriolage de voitures en 2000, selon la porte-parole du tribunal régional de Varsovie, interrogée par l'AFP ?
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