Profitant de l'effondrement de la sécurité au Yémen, Al-Qaïda s'est emparé jeudi de l'aéroport de Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout (sud-est), où des tribus ont, de leur côté, pris le contrôle d'un terminal pétrolier.
"L'unité militaire en charge de la sécurité de l'aéroport (de Moukalla) s'est retirée sans résistance et des combattants d'Ansar al-Charia (Al-Qaïda) en ont pris le contrôle", a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport, en référence à la branche locale du réseau extrémiste sunnite.
Des hommes d'Al-Qaïda avaient attaqué la ville de Moukalla le 2 avril et, en moins de 24 heures, avaient pris le contrôle des principaux quartiers, libérant au passage plus de 300 détenus, dont un de leurs chefs.
En s'emparant de l'aéroport qui était resté jusqu'ici hors de leur portée, les combattants d'Al-Qaïda contrôlent désormais l'ensemble de Moukalla, ville de plus 200.000 habitants, à l'exception d'un camp militaire, selon des sources militaires.
"Le camp de la 27e brigade mécanisée, qui est restée fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi, situé dans l'est de Moukalla, échappe encore aux hommes d'Al-Qaïda", a précisé l'une de ces sources.
D'autre part, des combattants de tribus locales ont pris le contrôle d'un important terminal pétrolier situé à moins de 50 kilomètres à l'est de Moukalla, après le retrait des soldats qui assuraient sa protection, a indiqué une source militaire.
Le terminal d'Al-Chehr "est passé sous le contrôle total de combattants de tribus après le retrait dans l'après-midi sans résistance de l'unité militaire qui le gardait", a déclaré cette source à l'AFP.
La prise de ce terminal, relié aux gisements pétroliers de Masila, province du Hadramout, fait suite à la conquête annoncée mardi de Belhaf, l'unique terminal gazier du Yémen, situé dans la province voisine de Chabwa et tombé aux mains de tribus.
Yemen LNG, la compagnie qui exploite le terminal gazier de Belhaf, avait annoncé la suspension de la production et des exportations en raison de l'aggravation de la situation.
Al-Qaïda, fortement implanté dans le sud et le sud-est du Yémen, et des tribus sunnites profitent ainsi du chaos qui règne dans le pays depuis le déclenchement le 26 mars de frappes aériennes menées par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites Houthis qui se sont emparés du pouvoir.
Des combats opposent ces rebelles aux partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite.
Dans le sud-ouest du Yémen, de violents affrontements au canon de char et à l'artillerie lourde se déroulaient jeudi dans la ville de Taëz où les rebelles et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, tentaient de déloger une brigade pro-Hadi, selon une source militaire et des témoins.
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