Au sortir d'une grève historique, le travail reprenait jeudi à Radio France où va désormais s'ouvrir une nouvelle phase de négociation délicate entre médiateur, direction et syndicats puisqu'elle fixera la feuille du route du groupe pour les 5 prochaines années.
Dans les couloirs de la Maison ronde et au studio 105, épicentre de la contestation, on a commencé à décoller les affichettes avec la mention "Radio France en grève".
Jeudi à 13H00, le plus long conflit social de l'histoire du groupe, menée depuis le 19 mars contre les restrictions budgétaires, la mutualisation des programmes de France Bleu et pour la sauvegarde de l'emploi, a pris officiellement fin. La veille, la CGT et les salariés encore grévistes ont voté la fin du conflit, qui a coûté un million d'euros par semaine, rejoignant les quatre autres membres de l'intersyndicale (CFDT, FO, SUD et Unsa).
Sur les antennes du groupe, plus ou moins perturbées par ce mouvement, les programmes normaux remplacent désormais les play-list musicales qui ont occupé les ondes durant un mois. "Je suis heureuse, c'est la joie des retrouvailles. C'est un autre ton que les radios privées", se réjouit une auditrice fidèle de France Inter.
Si des radios comme France Info et France Inter ont assuré quelques tranches d'information et quelques émissions durant le conflit, France Culture, dont 90% des programmes n'ont pas été diffusés, a retrouvé une matinale complète jeudi.
"On est tous soulagés de reprendre le match; on est heureux de retrouver l'antenne et les auditeurs", indique à l'AFP Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info.
"En apparence, c'est redevenu normal mais il risque d'y avoir des poches d'énervement", nuance Valeria Emanuele, journaliste à France inter, élue SNJ et non gréviste, en référence aux 44 stations du réseau France Bleu.
"Certains (à France Bleu, ndlr) nous ont dit : +à Paris, vous nous voyez pas. C'est nous qui morflons pour vous+. Et ça c'est embêtant", juge-t-elle à propos du clivage Paris-province mis en lumière par ce mouvement.
Outre le projet de mise en commun d'une partie des programmes du réseau France Bleu, les quelque 300 réductions d'effectifs envisagées par la direction vont être abordés lors d'une seconde phase de négociation, toujours en présence du médiateur nommé par le gouvernement.
Sans oublier les questions délicates en suspens comme le coût des travaux de rénovation de la Maison ronde (près de 600 millions d'euros) et le "redimensionnement" des deux orchestres alors que le groupe public a annoncé un budget en déficit de 21,3 millions d'euros en 2015.
- 'Nombreux enseignements' pour Gallet -
Ces négociations doivent mener d'ici l'été à la signature du contrat d'objectifs et de moyens (COM), feuille de route de Radio France pour les années 2015-2019.
Le médiateur, Dominique-Jean Chertier, devra également renouer les fils du dialogue entre la direction et les syndicats qui ne considèrent plus Mathieu Gallet comme un interlocuteur.
Contactée par l'AFP, la direction, n'a pas souhaité réagir pour le moment.
Jeudi à la mi-journée, dans un courrier interne aux collaborateurs consulté par l'AFP, le PDG de Radio France a dit avoir, "à titre personnel", "tiré de nombreux enseignements des événements de ces dernières semaines, notamment la nécessité de faire évoluer la gouvernance de l?entreprise et de réinventer les formes du dialogue au sein de Radio France".
"Accompagné par le médiateur, je rencontrerai les organisations syndicales représentatives afin de définir une méthode commune de dialogue, respectueux et équilibré, pour construire les bases du prochain Contrat d?Objectifs et de Moyens (COM) avec l?Etat", ajoute celui dont les méthodes de management ont été éreintées pendant la grève.
Malgré une fin de conflit où ils sont apparus divisés, les syndicats, réunis jeudi matin en intersyndicale, assurent qu'ils vont "travailler ensemble", a déclaré à l'AFP le délégué Unsa, Philippe Ballet.
"On a besoin d'échanger un maximum avec les salariés pour bien leur dire qu'on entre dans une autre phase", ajoute-t-il alors que certains estiment qu'on leur a "volé la grève".
De son côté, Fleur Pellerin, qui s'est félicitée "de la sortie du conflit", a annoncé que le médiateur commencerait la deuxième partie de sa mission, "qui doit permettre de penser l'avenir", dès vendredi matin.
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