L'avocat général a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Yoni Palmier, un accusé insaisissable, jugé aux assises à Evry pour quatre assassinats commis dans l'Essonne entre novembre 2011 et avril 2012.
Tout au long des trois semaines de débats, Palmier, 36 ans, le plus souvent avachi dans son box sinon somnolent, a refusé d'endosser le rôle du tireur.
Il n'a reconnu qu'une "responsabilité" dans le premier assassinat, celui de Nathalie Davids, et a affirmé n'avoir "rien à dire" pour les trois autres, ceux de Jean-Yves Bonnerue, Marcel Brunetto et Nadjia Boudjemia.
Une absence d'aveu qui fait pas obstacle à sa culpabilité a estimé l'avocate générale, Béatrice Angelelli, au début de son réquisitoire. "Je n'ai pas besoin d'aveux, j'ai tous les éléments à charge qui mettent en exergue la signature unique du criminel" pour les quatre assassinats.
Notamment, "le mode opératoire unique" des quatre crimes: "mêmes horaires, toujours l'après-midi, dans des endroits clos - parkings, halls d'immeubles - sur des personnes seules qui font toutes l'objet d'une véritable exécution: une balle dans la tête à bout portant ou à faible distance".
Et "une preuve matérielle irréfutable": son seul ADN sur l'arme qui a servi pour chaque meurtre, selon les expertises balistiques. "C'est sa signature génétique, elle est irréfutable".
L'avocate générale a ainsi déroulé l'évidence contre laquelle l'accusé a lutté en adoptant une défense aussi fragile qu'invraisemblable.
Elle a raillé "sa théorie du groupement" selon laquelle "des gens" auraient tué au hasard pour le venger, lui l'éternel solitaire, d'agressions subies depuis son enfance, marquée par un père absent et une mère surprotectrice.
"Quelqu'un aurait accepté de tuer des innocents sans contrepartie, simplement pour les beaux yeux de M. Palmier?", s'est-elle moquée. "Cela n'existe pas, c'est seulement dans son imaginaire".
- "Ne lui laissez pas le dernier mot" -
"Déni, report de la responsabilité sur autrui, absence de regrets et de culpabilité: il présente toutes les composantes d'une personnalité perverse", avait conclu le Dr Antoine Ballot, qui l'a entendu pendant l'instruction. "Il n'a aucun plaisir à tuer, ce qui l'intéresse c'est son détachement lors du passage à l'acte" nourri d'un "sentiment d'impunité et d'une volonté de puissance".
"S'il a tué quatre personnes, c'est un tueur en série. S'il a tué une personne, c'est un tueur en série potentiel", avait affirmé de son côté le psychiatre Frantz Prosper, à qui Yoni Palmier a avoué par écrit et à l'oral le premier meurtre lors d'une ultime contre-expertise, quelques semaines avant le procès.
Les plaidoiries de la défense sont attendues en début d'après-midi, avant de laisser l'opportunité à Yoni Palmier de dire ses derniers mots.
Mais les familles des victimes, qui ont interpellé directement l'accusé à plusieurs reprises depuis les bancs des parties civiles, n'en attendent plus rien et semblent résignées à sortir de la salle de la cour d'assises d'Evry sans l'esquisse d'une explication.
C'est à elles, "courageuses" et "dignes", que s'est adressée l'avocate générale pour achever ses réquisitions. "Ne lui laissez surtout pas une dernière fois le dernier mot. Tournez la page, essayez de survivre avec vos interrogations car jamais il ne vous livrera ce qu'il a au fond de lui".
"Il ne veut pas avouer pour éviter d'avoir à donner des explications, selon le Dr Prosper. Se taire lui permet aussi de garder l'attention des autres".
"A ne rien dire, savez-vous que vous risquez d'être condamné pour les quatre assassinats?", l'avait même interpellé l'un de ses avocats, Me Julien Fresnault.
Palmier, penaud: "je sais, mais c'est compliqué pour moi."
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