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Manille (AFP). Dictature Marcos: le président philippin Benigno Aquino plaide pour l'oubli

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Manille (AFP). Dictature Marcos: le président philippin Benigno Aquino plaide pour l'oubli
Le président philippin Benigno Aquino lors d'un entretien avec l'AFP à Manille le 14 avril 2015 - AFP
Comme pour la balle logée dans son cou et qu'il ne peut extraire sous peine de mourir, le président philippin Benigno Aquino pense qu'il vaut mieux que certains crimes commis sous la dictature de Ferdinand Marcos restent enfouis. A l'instar de milliers d'autres victimes emprisonnées, torturées ou qui ont perdu des proches au cours de ce chapitre noir de l'Histoire des Philippines, Benigno Aquino continue de panser ses plaies. Dans un entretien à l'AFP au palais présidentiel de Malacañan, à Manille, d'où le couple Marcos tenait le pays en coupe réglée jusqu'à son exil forcé en 1986, il explique comment il s'interdit de laisser la rancoeur dominer ses sentiments et nuire à sa charge. "J'ai 55 ans maintenant. Je ne peux pas me comporter comme un écorché vif de 16 ans", dit-il simplement. "Cela ne veut pas dire que je n'ai pas d'émotions. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas frustré. Mais je sais que lâcher la bride de mes émotions aurait de graves conséquences". La lutte pour le pouvoir entre les familles Aquino et Marcos a dessiné la politique philippine pendant des décennies, semant mort et trahisons sur le chemin du jeune Benigno. Tout commence dans les années 1970 quand le père de l'actuel président, son homonyme Benigno Aquino, prend la tête de l'opposition aux lois martiales décrétées par Marcos qui répriment la dissidence dans le sang. En 1980, Benigno père est contraint à l'exil aux Etats-Unis - lesquels soutiennent néanmoins Marcos - puis décide de revenir en 1983. Il est assassiné par balles à sa descente d'avion, sur la piste de l'aéroport. Sa mort brutale scandalise une grande partie de la population déjà éprouvée par la répression, les enlèvements, les exécutions sommaires. En 1986, sa veuve Cori Aquino fait descendre des millions de personnes dans les rue de la capitale: les Marcos déposés par le peuple sont évacués dans un avion de l'US Air Force vers Hawaï où le despote mourra trois ans plus tard. Portée à la présidence la même année, Cori Aquino échappe à plusieurs tentatives de coup d'Etat fomentées par des officiers restés fidèles à Marcos, jusqu'à sa démission en 1992. Son fils Benigno est élu en 2010 après s'être engagé auprès des Philippins, dont beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté, à éradiquer la corruption - endémique dans l'archipel à majorité catholique de 100 millions d'habitants. Benigno Aquino suscite également l'espoir de voir révélés tous les crimes de la dictature. Sans succès. Il confie avoir songé à mettre sur pied une commission vérité-réconciliation sur le modèle sud-africain avant d'y renoncer, de crainte de relancer un cycle de violence entre les martyrs et leurs bourreaux. - Passé mortifère - Il prend l'exemple d'un père dont le fils aurait été enlevé et tué par les sicaires de Marcos. Une enquête pourrait permettre d'identifier ses tortionnaires, mais leurs crimes sont prescrits et ils ne seraient pas traduits en justice. "Si tout à coup, nous trouvions les personnes qui l'ont enlevé et qu'elles avouent: +Nous l'avons torturé, nous l'avons brûlé, nous avons pulvérisé ses os pour que personne ne le retrouve+, le père ne pourrait pas les poursuivre. Dans ce cas, ne déciderait-il pas de se faire justice lui-même?", s'inquiète-t-il. Benigno revendique la paternité d'une loi de 2013 ouvrant la voie à une compensation des victimes des lois martiales. L'indemnisation devrait être symbolique mais pour le président, le symbole est fort: "Alors que par le passé il les a opprimés, l'Etat montre aux gens qu'il est là pour les protéger", plaide-t-il. Mais à quoi bon exhumer un passé mortifère? Lors d'une tentative de coup d'Etat contre sa mère, Benigno se souvient de ce jour d'août 1987 où, courant à son aide, des soldats félons avaient abattu trois membres de sa garde personnelle avant de lui loger cinq balles dans le corps, dont une dans le cou. Le projectile s'y trouve toujours aujourd'hui. "Il existe un danger que, en tentant de l'extraire, on touche des nerfs contrôlant les mouvements du visage. Et ils ne sont pas loin de la carotide", souligne-t-il. "Je la conserve comme une mise en garde" contre l'empire des émotions.

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