La CGT a blanchi mardi son ancien numéro un Thierry Lepaon, qui avait dû démissionner en janvier après trois mois de crise née des révélations sur le coût de la rénovation de son appartement et de son bureau.
Son successeur Philippe Martinez a dévoilé mardi à la commission exécutive confédérale (direction élargie) de la CGT les premières conclusions de l'enquête interne menée par le syndicat.
La rénovation du logement de fonction et du bureau ont été réalisés "en dehors de la responsabilité du secrétaire général" Thierry Lepaon, qui n'a "notamment pas eu connaissance des devis" et "a découvert les travaux une fois ceux-ci achevés", a déclaré M. Martinez, selon le texte transmis par la CGT.
Selon lui, la CGT est aujourd'hui "en capacité" de "rétablir la vérité" sur "l'honnêteté" de Thierry Lepaon.
"La vérité éclate enfin", a réagi l'ex-secrétaire général dans une interview au site L'Opinion.fr, qui assure avoir "vécu l'enfer". "Je retrouve mon honneur, ma dignité, le fruit de mes engagements."
Pressé de démissionner par de nombreuses fédérations de la centrale, Thierry Lepaon avait fini par obtempérer en janvier, après une succession de révélations sur le montant des travaux dans son appartement de fonction, dans son bureau et sur une prime de départ qu'il avait touchée lorsqu'il avait quitté la CGT Normandie pour prendre la tête du syndicat en mars 2013. Il avait succédé à Bernard Thibault, au terme d'une longue crise de succession.
Ses déboires ont commencé en octobre dernier, lorsque le Canard enchaîné a révélé que les travaux dans le logement de fonction de M. Lepaon à Vincennes avaient atteint 150.000 euros. L'intéressé avançait le chiffre de 105.000 euros.
Une onéreuse facture "en décalage par rapport à la réalité des prestations effectuées", a conclu l'enquête interne de la CGT, qui n'exclut pas "un recours juridique" contre l'entreprise pour "recouvrir le trop payé".
- 'Trahi' -
Pour éviter qu'une telle situation ne se reproduise, le syndicat a pris "des mesures correctrices", selon Philippe Martinez: "au moins trois devis" seront désormais requis pour "les montants supérieurs à 5.000 euros", et diverses autorisations seront nécessaires pour les montants supérieurs à 10.000 euros.
Par ailleurs, la CGT a "décidé de recruter" un "directeur administratif et financier" pour "travailler avec plus de rigueur", rappelle M. Martinez.
En ce qui concerne la polémique autour de la prime de départ touchée de Thierry Lepaon, 26.650 euros selon l'intéressé, "elle relève d'un manque de règles de vie communes internes à la CGT", estime Philippe Martinez.
Autre mea culpa: la CGT a "individuellement et collectivement sous-estimé la gravité de la crise" qu'elle traversait, "ce qui nous a conduits à un manque de clarté et de réactivité", a estimé M. Martinez.
Par ailleurs, le numéro un de la CGT a de nouveau regretté que "des documents pris en interne" aient été "diffusés à la presse, alimentant une campagne de presse sans précédent à l'encontre du premier dirigeant de la CGT et de son honneur".
"J'ai le sentiment d'avoir été trahi", a témoigné mardi M. Lepaon. "Une partie de dirigeants de la CGT ont pensé qu'en faisant tomber la tête du syndicat, ils atteindraient la ligne" politique du syndicat.
Aujourd'hui, Thierry Lepaon est "toujours salarié de la confédération". Il "travaille sur un livre autour de l'engagement, qui paraîtra aux éditions du Cherche Midi en août", mais promet que "ce ne sera pas un livre de règlements de comptes".
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