Le plus long conflit social de Radio France a connu mardi un tournant: si la grève a été reconduite pour 24 heures, l'unité syndicale a volé en éclats pour la première fois, seule la CGT appelant à poursuivre le mouvement.
Dans l'après-midi, la reconduction pour un 28e jour de grève a été décidée lors d'une assemblée générale rassemblant quelque 400 personnes (moins 70 voix contre et 33 abstentions), a constaté un journaliste de l'AFP.
Au cours de cette réunion de près de trois heures, dans une ambiance houleuse, parfois confuse et pleine d'émotion, représentants syndicaux et salariés sont apparus divisés sur la stratégie à adopter.
Quatre des cinq syndicats (CFDT, FO, SUD et Unsa) composant l'intersyndicale ont appelé juste avant le vote à la levée de la grève, menée depuis le 19 mars contre les restrictions budgétaires, la mutualisation des programmes de France Bleu et pour la sauvegarde de l'emploi.
Seule la CGT, premier syndicat tous collèges confondus, a appelé à voter la poursuite du mouvement, visiblement pas convaincue par les assurances de Fleur Pellerin, venue lundi soir à Radio France pour rencontrer les représentants du personnel.
En début de soirée, la ministre de la Culture a appelé ce syndicat à cesser le mouvement. Une nouvelle AG doit se tenir mercredi à 10H00.
"Quatre des cinq organisations syndicales qui appelaient à la grève ont levé leur préavis () Elles ont fait le choix clair de la responsabilité et de l?avenir de Radio France. Je souhaite que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire", a écrit la ministre dans un communiqué.
Dans la foulée, le PDG de Radio France, est sorti de son silence pour appeler "solennellement à la reprise du travail".
"Il est temps que cette grève s?achève et que nous puissions passer à une nouvelle étape de dialogue et construire ensemble le contrat d?objectifs et de moyens et l?avenir de Radio France", a-t-il ajouté.
Selon les explications avancées par ses représentants, la CGT a voulu se montrer "ferme" en prolongeant le mouvement alors qu'un conseil d'administration de Radio France et le conseil des ministres devaient se tenir mercredi.
- 'Une sorte d'inflexibilité' -
"La CGT a décidé de suivre la décision des salariés en AG jusqu'à demain (mercredi), jour de CA" à Radio France, a expliqué Jean-Matthieu Zahnd, militant du syndicat et réalisateur à France Culture.
Un point de vue contesté par les autres organisations, qui assurent porter la voix de leur base en appelant à reprendre le travail. "En AG, ce sont les gens souvent les plus mobilisés qui sont présents. 80% de nos adhérents nous disent qu'il faut poursuivre le mouvement dans le cadre de la médiation", affirme Jean-Paul Quennesson, délégué du syndicat SUD.
Le délégué Unsa, Philippe Ballet, fait valoir lui que "24 heures de plus ne permettraient pas d'obtenir un meilleur texte. On est face à une sorte d'inflexibilité".
Après trois jours de consultations marathon le week-end dernier, le médiateur Dominique-Jean Chertier, avait conditionné dimanche soir la poursuite de sa mission à l'approbation par les représentants des salariés des propositions qu'il a laissées sur la table.
Un "ultimatum" vu par certains grévistes comme une forme de "chantage", conduisant lundi au vote d'une nouvelle journée de grève.
Lundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la Culture a fait évoluer la position de certains syndicats, même si elle a fermé la porte à tout changement du texte du médiateur.
Ces préconisations devaient permettre de débloquer la situation et d'amener à une reprise du travail avant une seconde phase de discussions, dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens 2015-2019 entre l'Etat et Radio France.
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