Deux poids lourds européens des télécoms, le finlandais Nokia et son concurrent franco-américain Alcatel-Lucent, veulent s'unir pour former un géant du secteur, un projet industriel suivi de très près par le gouvernement français.
Mardi les deux groupes ont confirmé mener des discussions sur un possible rapprochement, qui pourrait prendre la forme d'une offre d'échange en actions de Nokia sur Alcatel-Lucent.
L'affaire a été jugée assez importante par Paris, pour que le président François Hollande reçoive le jour même les patrons des deux groupes, Rajeev Suri et Michel Combes.
Ce rapprochement doit faire naître un grand champion européen, à la fois des équipements et des technologies sur le téléphone mobile et le fixe avec le meilleur de la technologie de Nokia et d'Alcatel", s'est félicité le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, au sortir de cet entretien à l'Elysée.
"C'est aujourd'hui une nouvelle phase de la vie de l'entreprise qui s'ouvre, après le travail de redressement depuis deux ans, c'est la phase d'expansion, de reconquête qui se fait", a déclaré M. Macron.
Si elle aboutissait, la transaction ferait naître un géant au chiffre d'affaires de 28,6 milliards de dollars (environ 27 milliards d'euros) pour les seules infrastructures.
Elle devrait aussi signer l'absorption d'Alcatel-Lucent, un membre du CAC 40, l'élite des grandes entreprises françaises.
Ce rapprochement n'aura pas de conséquences sociales en France, a assuré le ministre de l'Economie.
"Ce qui est important pour nous, c'est que d'une part il n'y aura aucune destruction d'emplois en France, et même davantage. Nous avons eu tous les engagements de la part de Nokia", a-t-il déclaré sur la radio BFM.
"Un centre d'excellence de recherche et développement sera en France développé" a-t-il poursuivi, indiquant que "la 5G se développera en France dans ce nouveau groupe".
- Crainte d'un 'énième plan social' -
A Nozay (Essonne), le plus important site d'Alcatel-Lucent en France, l'inquiétude des salariés était toutefois palpable mardi soir, les syndicats craignant un "énième plan social".
Croisé à l'entrée du site, l'un d'eux estimait que "Nokia n'a jamais été tendre" avec ses salariés en Europe.
Alcatel-Lucent compte près de 8.000 salariés en France, et 53.000 dans le monde contre environ 55.000 pour Nokia.
Le Finlandais s'est fait connaître en devenant le numéro un mondial des téléphones portables à la fin des années 1990, avant d'être dépassé en 2012 par le sud-coréen Samsung.
Il avait abandonné la partie dès l'année suivante, annonçant la cession de l'activité téléphones et tablettes au géant américain du logiciel Microsoft. Depuis la vente à Microsoft concrétisée en avril 2014, il a gardé dans ses coffres l'essentiel des 5,4 milliards d'euros qu'il en a tirés.
Aujourd'hui, Nokia conçoit et fabrique des infrastructures de réseaux téléphoniques et internet. Sa stratégie se concentre sur l'innovation dans les technologies mobiles (LTE et 4G) et le développement des systèmes de géolocalisation (filiale HERE).
Cette opération lui permettrait de grandir face à son grand rival, le suédois Ericsson, et un autre concurrent qui cherche à percer en Occident, le chinois Huawei. Le ministre Macron espère effectivement que le mariage permettra de créer "le grand champion européen" pour affronter ses concurrents chinois.
Mais le Finlandais n'a livré aucun détail supplémentaire mardi, n'évoquant aucun montant ni les raisons qui l'ont poussé à s'intéresser à Alcatel-Lucent.
Le cabinet de conseil boursier finlandais Inderes soulignait le "risque" pris par Nokia, dont l'action a perdu 3,60% à la Bourse de Helsinki, tandis que celle d'Alcatel-Lucent bondissait de 16%. Dans le secteur des technologies, "l'histoire des fusions fait peur", soulignait-il sur Twitter.
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