L'Assemblée nationale a voté mardi en première lecture, par 311 voix contre 241, le projet de loi de modernisation du système de santé, dont l'une des mesures phares et controversée est la généralisation progressive du tiers payant, traduction d'une promesse de campagne de François Hollande.
Porté par la ministre de la Santé Marisol Touraine, ce texte, présenté comme un "marqueur de gauche" par la majorité, n'a pas fait l'unanimité à gauche, socialistes et écologistes votant quasiment tous pour (deux abstentions PS), radicaux de gauche majoritairement pour (6 abstentions sur 18), mais les élus du Front de Gauche quasiment tous contre (une abstention).
L'UMP et l'UDI ont rejeté ce projet de loi vivement combattu, jusque dans la rue, par le monde médical pour son volet sur le tiers payant. Les députés du FN Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen ont voté contre.
A peine le résultat du scrutin connu, Mme Touraine a déclaré dans les couloirs de l'Assemblée qu'il y aurait "un avant et un après cette loi", ajoutant qu'elle était "fière et heureuse" d'avoir fait voter un texte qui va "changer la vie de nos concitoyens".
Au nom du groupe PS, Martine Pinville a salué dans l'hémicycle "la volonté politique, mise en oeuvre parfois dans un contexte un peu tendu, pour s'attaquer aux inégalités sociales et territoriales" et "porter un marqueur de gauche à son terme", avec le tiers payant.
L'écologiste Jean-Louis Roumégas a parlé de "belle loi de santé" sur de "nombreuses dispositions" (action de groupe, accès facilité à l'IVG, expérimentation des salles de shoot, prévention du tabac, de l'alcool, de la +junk food+), malgré des bémols.
"Pas homogène", le groupe à dominante PRG a reconnu des avancées, mais regretté "la méthode" pour généraliser le tiers payant, dont les "médecins pressentent bien que se profile derrière une privatisation du système de santé", selon Dominique Orliac.
Concédant la présence de "mesures positives", le Front de Gauche Patrice Carvalho a mis en avant des "craintes pas apaisées sur les données de santé" et surtout "la transformation des ARS (agences régionales de santé) en préfectures sanitaires" sur fond de coupes dans les budgets.
Après avoir critiqué un texte "long, touffu, compliqué, mal préparé", l'orateur UMP Jean-Pierre Door a notamment reproché au gouvernement d'avoir montré son "entêtement" sur le tiers payant, mesure "inflationniste et techniquement impossible", et de ne "pas aimer la médecine libérale" et "les cliniques privées".
Mais "dès l'alternance en 2017, cela sera immédiatement abrogé", de même que l'expérimentation possible de salles de shoot, a-t-il affirmé.
L'UDI a considéré par la voix d'Arnaud Richard que, "malgré des avancées fragiles", le texte "passe sous silence tous les grands défis de notre système de santé". Il a aussi qualifié de "faute majeure" la remise en cause d'un "consensus vieux de 40 ans" sur l'IVG.
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