Neuf personnes ont été tuées dans l'attaque mardi du ministère de l'Education à Mogadiscio, menée par les insurgés islamistes shebab qui ont fait exploser une voiture piégée contre le bâtiment avant d'y lancer un commando armé.
"Un policier et huit civils ont été tués dans l'attaque, une douzaine d'autres personnes sont blessées dont un haut responsable du ministère de l'Education", a déclaré à l'AFP un responsable de la police, Mohamed Dahir.
"Une voiture chargée d'explosifs a enfoncé le portail et une fusillade a suivi à l'intérieur du ministère", a-t-il expliqué.
Un autre responsable policier, Ahmed Weli Malim, avait auparavant assuré que "le ministère est désormais sécurisé et (que) les forces gouvernementales en ont repris totalement le contrôle".
Les shebab, sur le recul militairement, multiplient les attentats à Mogadiscio, notamment contre des bâtiments officiels ou des hôtels où sont réunis des responsables, suivant souvent le même modus operandi: un véhicule piégé explose à l'entrée d'une enceinte fortifiée, ouvrant une brèche dans laquelle des hommes armés s'engouffrent.
Ils ont notamment ainsi attaqué en 2014 par deux fois chacun le Parlement et la Villa Somalia - complexe ultra-sécurisé abritant la présidence et les bureaux de Premier ministre -, mais aussi le siège des services somaliens de renseignements. Des convois de l'ONU ou le QG de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) le jour de Noël, ont également été visés par les shebab.
Trois hôtels, abritant des délégations étrangères ou des réunions gouvernementales, ont été attaqués de façon similaire depuis le début de l'année, faisant au moins 44 morts, dont un haut diplomate somalien, le maire-adjoint de Mogadiscio, un député, et de nombreux blessés dont plusieurs ministres.
- Guérilla et attentats -
Le ministère de l'Education est situé dans le quartier dit K5 de la capitale somalienne, un quartier qui a déjà été la cible d'attaques des shebab au cours des derniers mois.
Un porte-parole du groupe islamiste, Abdulaziz Abu Musab, a revendiqué l'attaque avant même qu'elle soit terminée, affirmant à l'AFP que des militants armés avaient "pris le contrôle" du ministère de l'Education, alors que des tirs étaient toujours entendus.
Selon ce porte-parole, des hommes armés ont également pénétré à l'intérieur du ministère du Pétrole voisin, ce qui n'a pas été confirmé dans l'immédiat.
On ignorait dans l'immédiat si les assaillants avaient été tués dans la reprise du contrôle du complexe par les forces gouvernementales ou s'ils avaient réussi à prendre la fuite.
Les insurgés qui luttent contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale et l'Amisom ont essuyé depuis août 2011 une série ininterrompue de revers militaires, chassés de Mogadiscio et contraint d'abandonner un à un leurs fiefs du centre et du sud du pays.
Ils multiplient depuis les actions de guérilla et les attentats parfois spectaculaires, notamment à Mogadiscio, mais aussi au Kenya voisin, en représailles à l'intervention en Somalie de l'armée kényane qui les combat depuis octobre 2011.
Les shebab ont notamment revendiqué l'attaque de l'université de Garissa, le 2 avril, où 148 personnes, en majorité des étudiants, ont été tuées. Une série d'attaques et de raids islamistes en territoire kényan ont fait plus de 400 morts depuis le spectaculaire assaut mené en septembre 2013 par un commando shebab contre le centre commercial Westgate de Nairobi (au moins 67 morts).
Le islamistes ont juré la perte du fragile gouvernement somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et qui peine à asseoir sont autorité au-delà de Mogadiscio, malgré le recul des shebab.
La Somalie a plongé dans le chaos et est privé de gouvernement central effectif depuis la chute du président autoritaire Siad Barre en 1991 qui a livré le pays aux milices claniques, gangs criminels et groupes islamistes.
Bien que considérablement affaiblis militairement en Somalie et incapables de faire face aux 22.000 hommes et à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, les shebab restent considérés par les experts comme la principale menace pour la paix dans le pays et plus largement pour la sécurité en Afrique de l'Est.
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