Le président nigérian élu, Muhammadu Buhari, a averti mardi qu'il ne pouvait pas promettre la libération des plus de 200 lycéennes de Chibok toujours détenues par Boko Haram alors que le Nigeria marquait le premier anniversaire de leur enlèvement par le groupe islamiste.
"Nous ne savons pas si les filles de Chibok peuvent être secourues. Leur localisation reste inconnue. J'aimerais beaucoup pouvoir le faire, mais je ne peux pas promettre de les retrouver", a déclaré M. Buhari, qui doit prendre ses fonctions fin mai, dans un communiqué.
"Mais je dis à tous les parents, les familles et les amis de ces enfants que mon gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour les ramener à la maison", a-t-il poursuivi.
Son attitude contraste avec celle du président sortant Goodluck Jonathan - battu à la présidentielle du 28 mars - qui n'avait pas semblé considérer comme une priorité de retrouver les jeunes filles kidnappées dans la petite ville de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, le 14 avril 2014, jusqu'à ce qu'une campagne de pression internationale le force à réagir.
M. Jonathan a répété plusieurs fois que les jeunes filles seraient libérées, mais sans donner aucune information précise. L'armée avait de son côté affirmé l'an dernier savoir où les adolescentes se trouvaient mais avait jugé trop risquée une opération militaire.
Mardi, veillées à la bougie, prières et rassemblements étaient organisés pour l'anniversaire du kidnapping, le 14 avril 2014, de 276 lycéennes au total, dont 219 sont toujours portées disparues un an après.
Si ce rapt très médiatisé a suscité une émotion sans précédent à travers le monde, c'est loin d'être le seul crime de ce type commis par Boko Haram, rappelle Amnesty International. Selon l'ONG, au moins 2.000 femmes et fillettes ont été enlevées au Nigeria depuis le début de l'année dernière.
Les Nations unies et des organisations de défense des droits de l'homme ont aussi dénoncé, à cette occasion, le ciblage délibéré d'enfants, garçons et filles par les islamistes, dont l'insurrection et la répression armée ont fait au moins 15.000 morts depuis six ans.
- 'Nous n'oublierons pas' -
Un rassemblement était prévu à Abuja, la capitale, où le mouvement #Bringbackourgirls (Ramenez-nous nos filles) se réunit quotidiennement pour réclamer la libération des captives. Une veillée à la bougie devait avoir lieu sur un grand rond-point de Lagos, où les noms de toutes les otages ont longtemps été affichés.
Selon les responsables de #Bringbackourgirls, l'Empire State Building, à New York, devrait être éclairé mardi d'une robe rouge et violette en solidarité et pour symboliser la lutte contre les violences faites aux femmes.
"C'est formidable que le monde se souvienne et véhicule le message que nous n'oublierons pas et que nous ne nous arrêterons pas jusqu'à ce que nous sachions ce qui est arrivé à nos filles", a déclaré Habiba Balogun, une des coordinatrices du mouvement à Lagos, à l'AFP.
Cinquante-sept adolescentes ont réussi à s'enfuir dans les heures qui ont suivi le kidnapping. Mais on n'a aucun signe de vie des autres depuis la vidéo diffusée en mai 2014 par Boko Haram, qui montrait une centaine de lycéennes voilées, récitant des sourates du Coran.
Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a déclaré avoir converti les adolescentes qui n'étaient pas musulmanes et les avoir toutes "mariées de force".
Dans un nouveau rapport publié mardi, Amnesty International cite un haut gradé de l'armée, selon lequel les otages sont gardées dans plusieurs camps de Boko Haram, au Nigeria mais aussi au Tchad et au Cameroun voisins.
Plusieurs personnalités ont apporté leur soutien au mouvement #BringBackOurGirls, dont la Première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, et la jeune lauréate pakistanaise du prix Nobel de la paix, Malala.
"A mon avis, les dirigeants nigérians et la communauté internationale n'ont pas fait assez pour vous aider", a déclaré Malala Yousafzai dans une lettre ouverte aux adolescentes.
Un ancien de Chibok, Enoch Mark, dont la fille et la nièce ont été enlevées, a déclaré que "notre espoir de retrouver nos filles réside aujourd'hui en Buhari". "Nous espérons revoir bientôt nos filles si elles sont vivantes ou au moins leurs corps si elles sont mortes".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.