L'Inde, qui vient d'annoncer l'acquisition de 36 Rafale, négociera de gouvernement à gouvernement l'achat d'appareils supplémentaires, estimant que le contrat géant en discussions depuis 2012 avec Dassault Aviation est sans issue.
Le Premier ministre Narendra Modi a crée la surprise vendredi en annonçant l'acquisition de 36 appareils clé en main pour répondre aux besoins urgents de renouvellement de l'armée de l'air indienne.
Le ministère français de la Défense avait alors indiqué à l'AFP que les négociations exclusives entamées en 2012 par Dassault pour fournir 126 appareils dont 108 fabriqués en Inde, se poursuivaient.
Mais le ministre indien de la Défense a suggéré que les acquisitions futures se feraient dans un cadre différent, estimant que ces négociations s'étaient enlisées et ne menaient nulle part.
"Le processus est bloqué, il a percuté un mur et n'a donné aucun résultat", a dit Manohar Parrikar lundi soir sur la chaine IBN7.
L'acquisition de Rafale "est un achat stratégique qui n'aurait jamais dû passer par un appel d'offres", a dit Parrikar. "Le précédent gouvernement aurait dû passer par un accord de gouvernement à gouvernement".
Désormais, "tous les accords se feront de gouvernement à gouvernement", a dit le ministre indien, cité par l'agence Press Trust of India (PTI).
Il a insisté sur la nécessité de renforcer rapidement la défense indienne.
"L'armée de l'air a un besoin urgent de bons appareils de quatrième génération", a-t-il poursuivi. "Les appareils de cinquième génération ne viendront que dans 10 à 15 ans".
- Incertitudes sur le "Make in India" -
Les discussions entamées en 2012 avec Dassault Aviation patinaient sur des questions de coût global des appareils dans le cadre d'un transfert de technologie inédit.
Initialement évalué à 12 milliards de dollars, ce contrat semblait plus proche des 20 milliards de dollars, le coût de fabrication des 108 Rafale assemblés en Inde sous la conduite du groupe public Hindustan Aeronautics Ltd (HAL) s'avérant plus élevé que celui des avions assemblés en France.
Selon le ministre, la fabrication d'un Rafale par HAL aurait requis 2,7 fois plus d'heures de main d'oeuvre que dans une usine française.
Narendra Modi, arrivé au pouvoir en 2014, a voulu sortir de cette impasse en commandant directement des appareils en France afin de moderniser au plus vite l'armée de l'air indienne (IAF), équipée en partie d'antiques MiG-21 et MiG-27 russes.
L'acquisition de 36 appareils ne suffira cependant pas à satisfaire les besoins de l'Inde, qui doit faire face à des tensions frontalières avec la Chine et le Pakistan, relèvent les analystes.
"Cela n'a aucun sens d'un point de vue logistique ou économique", relève Rahul Bedi, spécialiste de défense pour Jane's Defence Weekly. Les deux gouvernements "vont avoir de nouvelles négociations et fixer de nouvelles règles".
Le ministre indien n'a pas donné d'indication sur la façon dont les futurs appareils pourraient être assemblés en Inde.
Narendra Modi a promis de relancer l'économie du pays en attirant les investisseurs étrangers pour qu'ils fabriquent sur le sol indien au travers de sa campagne "Make in India".
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