Les chefs de la diplomatie allemand, français, russe et ukrainien se sont réunis lundi soir à Berlin pour soutenir les accords de paix de Minsk menacés par de vives tensions dans l'Est de l'Ukraine.
"Huit semaines se sont écoulées depuis les négociations de Minsk et il ne fait aucun doute qu'on est arrivé à une relative accalmie (), mais il est trop tôt pour crier victoire", a souligné le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, avant le début de discussions avec ses homologues du format dit "Normandie", allusion à la première rencontre à quatre (Ukraine-Russie-France-Allemagne) lors des commémorations du débarquement de Normandie le 6 juin 2014.
Il a rappelé que des combats entre l'armée ukrainienne et les rebelles prorusses avaient encore fait des victimes dimanche et lundi.
Au-delà du cessez-le-feu, M. Steinmeier a insisté sur l'importance de la mise en route d'un processus politique, avec notamment l'organisation d'élections locales.
"Il y a des idées sur la table (), la mise en place de groupes de travail sur les moyens d'un soutien humanitaire dans l'Est de l'Ukraine qui améliore enfin la situation des gens: comment peut-on arriver à une situation économique et sociale meilleure; comment peut-on poursuivre l'échange de prisonniers (); comment peut-on mettre en place les conditions nécessaires à des élections", a-t-il détaillé.
Les résultats de la rencontre de Berlin seront largement discutés lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 mardi et mercredi à Lübeck (nord de l'Allemagne), alors que les tensions sur le terrain ont gagné en intensité ces derniers jours.
- '1.166 explosions' dimanche -
Dimanche soir et lundi matin, un journaliste de l'AFP à Donetsk a entendu des tirs intenses. Selon le porte-parole militaire ukrainien, Olexandre Motouzianyk, un soldat ukrainien a été tué et six blessés en 24 heures. Les autorités séparatistes ont de leur côté fait état de quatre civils blessés dans la zone sous leur contrôle.
La mission de surveillance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), présente dans la zone de conflit, a fait état "du renouvellement de combats intenses près de Donetsk et à Chirokiné", à 10 km du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville dans la zone de conflit sous contrôle de Kiev, dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi.
Le 12 avril, l'OSCE a "enregistré 1.166 explosions, provoquées principalement par des tirs d'artillerie et de mortier" près de Donetsk, où des combats faisaient rage avec notamment chars et artillerie lourde.
Les volontaires du groupe ultranationaliste Pravy Sektor ont de leur côté fait état sur les réseaux sociaux d'intenses combats à Piski, localité sous contrôle des forces ukrainiennes près des ruines de l'aéroport de Donetsk passé en janvier sous contrôle des rebelles.
A Lougansk, la situation s'est aussi "largement détériorée", selon les autorités locales, fidèles à Kiev. "Dans plusieurs zones, il y a eu des affrontements militaires et aussi des tirs à l'arme automatique et à l'aide de chars", a indiqué le gouverneur pro-Kiev de la région, Guennadi Moskal.
- 'Balle dans le camp de Moscou' -
Selon l'OSCE, les armes utilisées par les "deux parties durant les affrontements" étaient d'un calibre supérieur à 100 mm.
Or, selon les accords de Minsk 2, signés le 12 février et prévoyant une nouvelle trêve, un retrait de ce type d'armes aurait dû être effectué le long de la ligne de front pour créer une zone tampon de 50 à 140 km.
Malgré ce nouveau cessez-le-feu, les accrochages se poursuivent dans l'est de l'Ukraine, où le conflit a fait plus de 6.000 morts en un an.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'armer les rebelles prorusses de l'Est et d'y avoir déployé des troupes régulières, ce que la Russie nie farouchement.
Dans une interview au quotidien Die Welt lundi, M. Steinmeier avait rappelé que la question de la levée des sanctions à l'encontre de la Russie restait liée à la mise en oeuvre des accords de paix. "En cela, la balle est dans le camp de Moscou".
Le président ukrainien Petro Porochenko, qui devrait se rendre en France fin avril, plaide en faveur de l'envoi d'une mission de maintien de la paix pour soutenir l'OSCE, notamment afin de contrôler la frontière russo-ukrainienne, par laquelle Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de faire passer des armes.
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