Le quotidien de Deborah ressemble à celui des étudiantes des séries télévisées américaines: après une journée de cours, sur un campus flambant neuf, elle fait du basket, du volley ou de l'aérobic. Le week-end, elle aime nager et se détendre.
Une vie à mille lieues de celle qu'elle menait il y a tout juste un an dans la ville de Chibok, dans le nord-est du Nigeria.
Le 14 avril 2014 au soir, Deborah tentait de trouver le sommeil dans le dortoir de son lycée pour filles à la veille d'un examen important, quand les islamistes de Boko Haram sont arrivés.
Au total, 276 lycéennes ont été enlevées à Chibok ce soir-là. Un kidnapping massif qui a provoqué une vague d'indignation à travers le monde.
Deborah fait partie des 57 jeunes filles qui ont réussi à fuir dans les heures qui ont suivi le rapt. Mais pour les 219 autres otages et leur famille, le calvaire n'a jamais cessé depuis.
Malgré les promesses à répétition des autorités nigérianes et les messages rassurants de l'armée qui soutenait avoir retrouvé la trace des otages, on est toujours sans nouvelles des lycéennes kidnappées.
Le chef du groupe islamiste Boko Haram, Abubakar Shekau, a promis de les vendre "en esclaves", avant d'assurer plus tard dans une nouvelle vidéo de propagande les avoir "mariées de force". Selon de nombreux experts, ces deux versions sont envisageables. Et il est fort possible que les otages aient été dispersées depuis longtemps.
- "Un mal pour un bien" -
Deborah étudie désormais à l'Université Américaine du Nigeria (AUN), à Yola (nord-est), avec 20 autres rescapées de Chibok.
Cette université financée par des fonds privés, qui s'étale sur des dizaines d'hectares à la sortie de la ville, est bien plus luxueuse que la moyenne des établissements nigérians et contraste très nettement avec l'environnement dans lequel Déborah a été élevée à Chibok, une petite ville aux infrastructures en ruines.
Au restaurant de l'hôtel du campus, qui sert des pizzas et des hamburgers au bord de la piscine, des étudiants discutent avec leurs professeurs, dont certains sont des expatriés occidentaux, autour d'un soda.
"C'est un environnement magnifique" reconnaît Deborah, dans un échange de courriels avec l'AFP.
Les 21 étudiantes suivent un programme qui doit leur donner accès à un cursus universitaire dès l'année prochaine.
Certaines d'entre elles disent vouloir devenir médecins ou avocates. Toutes sont conscientes du trésor que représente l'éducation --qui plus est un enseignement de qualité, comme celui de l'AUN--, dans un pays où tant d'enfants sont privés d'école.
Mais cette opportunité qui leur est offerte a un arrière-goût amer au moment du premier anniversaire du kidnapping de Chibok. Toutes savent que sans cette terrible attaque islamiste, elles n'auraient sans doute jamais pu aller à l'université.
"Quand l'insurrection a éclaté, j'étais dévastée. Mais je ne savais pas que ce serait un mal pour un bien" confie Mary, non sans culpabilité.
- "Aider Chibok en retour" -
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