Trois jours d'intenses discussions avec le médiateur n'y ont rien fait : la grève a été reconduite lundi par les salariés de Radio France pour un 27e jour consécutif, mais certains s'inquiétaient du risque de voir ce conflit s'enliser.
Déçus par les propositions du médiateur nommé jeudi par le gouvernement pour débloquer le conflit, les syndicats ont aussi demandé à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, que la médiation soit prolongée de 24 heures reconductibles. Sans réponse pour l'instant ni du ministère, ni du médiateur.
"On laisse une nouvelle chance à la tutelle (ndr: le ministère de la Culture) et la direction", a déclaré Jean-Mathieu Zahnd, du syndicat CGT, au 26e jour du conflit le plus long qu'ait connu Radio France.
"On a voulu jouer cette dernière carte d'une demande de poursuite de la médiation car on sent qu'on est pas loin d'une issue qui pourrait être heureuse pour nous", assure Jean-Eric Ziolkowski, de la CFDT.
Contactée par l'AFP, la direction n'a pas souhaité non plus faire de commentaire.
Lors d'un déplacement à Poitiers lundi matin, la ministre de la Culture Fleur Pellerin avait réitéré son souhait de voir voter la fin de la grève, espérant que les salariés décideraient "de se rassembler" autour des propositions du médiateur.
Mais la poursuite de la grève a été adoptée à une large majorité (moins 12 voix contre et 26 abstentions) en assemblée générale, après d'intenses débats une partie de la journée et une interruption de l'AG pour consulter les antennes locales de Radio France.
Signe que le conflit était à un tournant, des membres du personnel s'étaient massés dans les couloirs et devant les portes de la salle de l'AG pleine à craquer pour suivre les débats.
Certains élus syndicaux craignaient un pourrissement du mouvement si la grève était reconduite, notamment à l'approche des vacances scolaires.
Autre inquiétude: selon les syndicats, le médiateur Dominique-Jean Chertier, a conditionné dimanche la poursuite de sa mission à l'approbation par les représentants des salariés des propositions qu'il a laissées sur la table, après trois jours de consultations marathon.
Un "ultimatum" qui a crispé certains grévistes qui ont vu là une forme de "chantage".
- Dilemme -
"Si le médiateur part, la direction est renforcée. On prend un risque si on ne sort pas de cette grève aujourd'hui", avait souligné Philippe Ballet, délégué Unsa. Le syndicat, désormais favorable à la reprise du travail, s'est toutefois rallié au vote de l'AG.
D'autres salariés se sont inquiétés de l'image de Radio France que donne ce mouvement à l'extérieur.
Pour illustrer le "dilemme" des grévistes, l'un des participants à l'AG a cité la phrase du dramaturge allemand Bertolt Brecht: "Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu".
Après presqu'un mois de grève contre "les difficultés budgétaires" et pour "la défense de l'emploi", le conflit commence aussi à peser sur les finances de certains salariés. Et ce malgré la mise en place d'une caisse commune qui a collecté plus de 100.000 euros.
Désormais, "bien malin celui qui peut dire quelle sera l'issue du conflit", a confié à l'AFP une journaliste sous couvert d'anonymat.
"On ne comprend par grand chose à ce mouvement", a-t-elle ajouté, s'estimant "prise en otage par une poignée de salariés". Selon la direction, on comptait 4,1% de grévistes lundi.
La principale pierre d'achoppement des négociations demeure le projet de mutualisation des programmes des 44 stations du réseau France Bleu, prévu dans le "plan stratégique" présenté par le PDG Mathieu Gallet, ces radios craignant d'y perdre leur identité locale.
Les syndicats estiment également ne pas avoir assez de garantie sur le volet emploi. Le plan stratégique prévoit notamment une "réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires. Autre sujet de désaccord: les deux orchestres symphoniques de Radio France, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement".
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