Petits, nous sommes tous allés à la recherche de trésors. Cachés dans sa propre maison ou plus loin, nous nourrissions notre imaginaire de cette quête. Arrivés à l'âge adulte, certains n'ont pas abandonné leur quête du Graal. Simplement, ils le traquent à travers l'objectif d'un appareil photo.
La magie du temps
Ce mouvement émergent, c'est l'Urbex, ou exploration urbaine, un phénomène né aux États-Unis. Une vague artistique que Thomas Lattelais, l'un de ses adeptes, définit comme "la visite de lieux abandonnés chargés d'histoire. Il s'agit d'essayer de comprendre le présent en fouillant le passé, en redonnant vie à ces photos". "Faire revivre ce qui s'est passé dans ces lieux, c'est motivant, comme quand l'on tombe sur des vestiaires où traînent encore des chaussures ou des casques de chantier", renchérit Matthieu B. autre photographe de l'Urbex.
Usines abandonnées, hôpitaux fermés, châteaux délaissés… Qu'ils soient sous nos yeux ou cachés de tous, ces sites renferment une magie, celle du temps qui passe, que les photographes s'acharnent à faire revivre à travers l'objectif. Mais ce travail est un long labeur. De la découverte du lieu à sa visite, il peut parfois se passer des mois. Il faut d'abord pré-repérer le lieu sur Internet. "Je suis constamment sur Google Earth", résume en souriant Thomas Lattelais. Une recherche qui s'apparente à une véritable enquête : "C'est une sorte de carte au trésor. Il faut croiser les informations que l'on a déjà, sur l'époque où le site a été construit, sur la région où il se trouve. J'ai passé une fois plus de deux mois à trouver un lieu que je voulais visiter… et que je n'ai finalement jamais découvert", se rappelle Matthieu Pégard, l'un des pionniers du mouvement dans l'agglo rouennaise.
Car entre eux, les photographes ne sont pas tendres : "Quand on nous demande où se trouve un lieu, on peut donner des faux indices, d'autres fois des vrais indices. Une fois, on m'a envoyé dans la boue, à 50 km du site recherché, s'amuse Thomas Lattelais. Il y a ce côté égoïste de se dire que c'est son bébé."
Phénomène de mode
La patience est donc le maître mot de ces artistes underground. Mais la satisfaction est souvent à la hauteur des attentes : "Quand l'on ressort des clichés inédits d'un lieu jamais visité avant", illustre Matthieu B. Mais le mystère tend à s'étioler ces derniers temps. Se comptant autrefois sur les doigts d'une main, les explorateurs sont aujourd'hui une trentaine dans l'agglo. "L'Urbex est devenu à la mode. il y a une course aux spots, que l'on accroche à son tableau de chasse, regrette Matthieu Pégard. Aujourd'hui, les sites découverts ne restent inédits que quelques semaines." Pour faire renaître l'excitation du début, il faut parfois passer les frontières. "Je suis déjà allé jusqu'en Belgique", assure Matthieu Pégard, qui évoque également une autre cité, de l'autre côté de l'océan : "Détroit, c'est vraiment la ville magique pour l'Urbex."
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