Après plusieurs jours d'une violente brouille familiale, Jean-Marie Le Pen s'est plié lundi à la volonté de sa fille en renonçant à se présenter aux régionales de décembre en Paca, laissant le champ libre à sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen.
Le patriarche frontiste, 86 ans, a jeté l'éponge dans Le Figaro Magazine lundi matin. Une décision "très sage", a immédiatement salué le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, très virulent contre lui pendant les quelques jours de cette crise politico-familiale.
La patronne du FN avait prévenu mercredi qu'elle s'opposerait à la candidature de son père aux régionales de Paca et lui avait demandé jeudi de faire preuve de "sagesse" en prenant sa retraite politique.
Qui mènera dès lors le FN en Paca, une région que les frontistes espèrent remporter ? Jean-Marie Le Pen a lui-même désigné l'héritière, Marion Maréchal-Le Pen, demandant "dans l'intérêt supérieur la France de soutenir la candidature" de celle-ci.
Ayant manifesté cette volonté de mener la liste à plusieurs reprises, avant la crise qui avait enflammé le FN, elle s'était rangée - comme Marine Le Pen - à la décision de son aïeul, qui s'était auto-proclamé candidat. Après avoir entretenu ce qui ressemble à un faux suspense, la députée du Vaucluse, qui s'est entretenue vendredi avec son grand-père, a confirmé lundi après-midi sa candidature.
Dans la matinée, Bruno Gollnisch, frontiste historique, s'est aussi déclaré candidat à la candidature. Le FN décidera lors de son bureau politique consacré à ces questions prévu vendredi.
Si Jean-Marie Le Pen a imaginé lundi Marion Maréchal-Le Pen mener la liste et Bruno Gollnisch diriger la région en cas de victoire, l'entourage de la députée a fait savoir que la benjamine de l'Assemblée nationale, 25 ans, est candidate "pour présider la région".
- 'C'est Dallas' -
Le retrait de Jean-Marie Le Pen de la course retire quoi qu'il en soit une première épine du pied à sa fille.
Pour le député Rassemblement bleu marine Gilbert Collard, qui s'était violemment opposé à M. Le Pen, après que celui-ci a réitéré ses propos sur les chambres à gaz "détail de l'histoire" de la Seconde guerre mondiale, cette décision permet "l'apaisement".
Dans un communiqué, en fin de matinée, Jean-Marie Le Pen a voulu montrer qu'il n'abdiquait pas complètement: selon lui, "la crise grave ouverte au Front national, au prétexte de deux interviews", l'une à RMC-BFMTV et l'autre dévoilée à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, "ne justifiait pas le hourvari (vacarme) qu'on a déclenché dans nos rangs".
Un "hourvari" sur lequel n'ont pas manqué d'ironiser les adversaires du FN: "Le bonneteau Le Pen continue. On s'engueule, on se fait interviewer, on se reparle et au final tout se redistribue en famille ! ", a raillé le patron des députés PS Bruno Le Roux.
"Le grand-père ne peut plus y aller. Alors la petite-fille ira. Pour la tante on sait pas encore. C'est plus de la politique, c'est Dallas", a ironisé le député-maire UMP de Tourcoing, Gérald Darmanin, faisant référence au silence actuel de Marine Le Pen sur sa propre candidature dans la grande région Nord-Pas de Calais-Picardie.
Mais le lancement de la candidature Marion Maréchal-Le Pen ne devrait pas manquer d'inquiéter à droite en Paca.
"La campagne en déambulateur avec des blagues foireuses, pour l'UMP, c'est tranquille", se désolait un frontiste récemment au sujet d'une candidature de Jean-Marie Le Pen.
La région Paca, où les électorats UMP et FN sont particulièrement perméables et où le FN a fait 33% aux départementales et aux européennes, paraît prenable aux yeux des ténors du parti d'extrême droite.
D'autant que le positionnement libéral-conservateur de "Marion" pourrait séduire les électeurs UMP. Aveu stupéfiant, un ténor du parti de Nicolas Sarkozy s'inquiétait récemment: vu son profil idéologique, "95% de nos électeurs pourraient voter pour elle".
La question "Paca" en voie de règlement, la convocation de "Le Pen" devant le bureau exécutif frontiste réuni en instance disciplinaire reste pour l'instant maintenue, comme l'a confirmé à demi-mots Florian Philippot lundi matin: "C'est une procédure parallèle qui n'a rien à voir".
Des sanctions ? L'intéressé les a balayées sur Europe 1: "Je me fous pas mal des sanctions. Je ne vois pas qui pourrait sanctionner le président d'honneur du FN".
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