Voter la fin de la grève ou pas? Syndicats et salariés de Radio France étaient partagés lundi sur la suite à donner au mouvement, au 26e jour de conflit, le plus long qu'ait jamais connu le groupe public.
Durant près de deux heures, les syndicats ont exposé aux quelque 400 salariés réunis en assemblée générale les préconisations du médiateur chargé par le gouvernement de dénouer cette grève. Et ils ont débattu des conséquences d'une éventuelle reconduction du mouvement.
Signe que le conflit se trouve à un moment charnière, des membres du personnel s'étaient également massés dans les couloirs et devant les portes de la salle pour suivre les débats.
Peu après midi, l'intersyndicale a interrompu la réunion pour consulter le personnel des radios locales, tandis que les salariés, visiblement très indécis sur la suite à donner au mouvement, continuaient à échanger dans la salle. L'assemblée générale devait reprendre à 15H00 en vue d'un vote.
Certains élus syndicaux craignaient un pourrissement du conflit si la grève était reconduite, notamment à l'approche des vacances scolaires, ce qui ferait le jeu de la direction.
"Il faut encore réfléchir davantage aux deux solutions qui sont devant nous", la poursuite ou non du mouvement, a déclaré Jean-Paul Quennesson, délégué SUD, à l'AFP.
"Si le médiateur reste, cela nous permet de continuer à faire passer le message que cette maison est mise sous tutelle", a-t-il ajouté.
"Si le médiateur part, la direction est renforcée. On prend un risque si on ne sort pas de cette grève aujourd'hui", a ajouté Philippe Ballet, délégué Unsa.
Au 26e jour de cette grève contre "les difficultés budgétaires" et pour "la défense de l'emploi", le conflit commence aussi à peser sur les finances de certains salariés. Et ce malgré la mise en place d'une caisse commune qui a collecté 100.000 euros.
- 'On n'a pas grand-chose' -
A l'issue de trois jours de discussion, le médiateur nommé par le gouvernement, Dominique-Jean Chertier, a déclaré dimanche soir la première partie de sa mission "terminée" et mis sur la table des propositions, qui ont laissé sur leur faim les syndicats.
La principale pierre d'achoppement demeure le projet de mutualisation des programmes des 44 stations du réseau France Bleu, prévu dans le "plan stratégique" présenté par le PDG Mathieu Gallet, ces radios craignant d'y perdre leur identité locale.
"La question la plus douloureuse de ce conflit, c'est les radios locales, c'est le point le plus dur", a confirmé Jean-Paul Quennesson.
Les syndicats s'inquiètent également du volet emploi du plan stratégique, qui prévoit notamment une "réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires. Autre sujet de désaccord: les deux orchestres symphoniques de Radio France, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement".
"Le médiateur nous a beaucoup écoutés. On lui a beaucoup parlé. On espérait beaucoup et finalement, on n'a pas grand-chose", a estimé Renaud Dalmar (CFDT).
Le vote de lundi après-midi est d'autant plus crucial que, selon les syndicats, le médiateur a mis comme condition à la poursuite de sa médiation que ses préconisations soient signées par l'intersyndicale. Si tel était le cas, il poursuivrait sa mission durant trois mois. Ce préalable a crispé certains participants à l'assemblée générale qui voient là une forme de "chantage".
Contactée par l'AFP, la direction n'était pas joignable dans l'immédiat lundi après-midi. Mathieu Gallet et les représentants de l'intersyndicale de Radio France doivent être auditionnés mardi après-midi au Sénat.
Lors d'un déplacement à Poitiers lundi matin, la ministre de la Culture Fleur Pellerin a de nouveau souhaité la fin de la grève, en espérant que "l'AG aujourd'hui décidera de se rassembler autour de ce texte".
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