Les Soudanais votaient lundi pour des élections que le président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 25 ans, est assuré de remporter, la majeure partie de l'opposition boycottant ce scrutin déjà critiqué par la communauté internationale.
M. Béchir, 71 ans, affronte 15 concurrents peu connus lors de ce scrutin organisé jusqu'à mercredi dans 7.100 bureaux de vote répartis sur l'immense territoire.
L'homme fort du Soudan a voté à l'école Saint Francis à Khartoum vers 11H00 (08H00 GMT), souriant et agitant la main devant des journalistes plus nombreux que les électeurs.
Comme en 2010, l'organisation de ces élections est dénoncée par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui estime qu'elles ne peuvent "donner un résultat crédible et légitime". "Le dialogue est contourné, certains groupes sont exclus et les droits civiques et politiques violés", selon Bruxelles.
Le scrutin se déroule dans un contexte d'isolement du pays sur la scène internationale, M. Béchir étant réclamé depuis 2009 par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité au Darfour.
Dans le quartier d'Al-Daim à Khartoum, quelques électeurs sont arrivés tôt pour voter. "Je suis venu car c?est un droit constitutionnel pour moi et mon pays. Je suis venu ce matin remplir mon devoir", déclarait l'un d'eux, Abdoul Al Jioum.
Une centaine de policiers et officiers sont aussi arrivés pour voter à bord de minibus et de camions.
Néanmoins, le scrutin ne soulevait pas l'enthousiasme dans les rues de la capitale, très calmes lundi matin, alors que le régime a décrété, au dernier moment, un jour chômé.
"Tout le monde connaît le résultat", soulignait un commerçant, Moutawakil Babikir, qui a décidé de ne pas se rendre aux urnes.
Les 13,3 millions d'électeurs soudanais sont également appelés à choisir leurs parlementaires et leurs représentants régionaux. Les bureaux de vote sont ouverts de 05H00 à 15H00 GMT durant les trois jours de l'élection, qui se déroule sous l??il d'observateurs de la Ligue arabe et de l'Union africaine.
Le général Béchir est arrivé au pouvoir en juin 1989, en renversant par un coup d'Etat un gouvernement issu d'élections démocratiques. Le Parti du Congrès national (NCP), sa formation, et ses alliés contrôlent depuis les rouages de l'Etat, et les autorités répriment dissidents et médias.
- Enormes défis -
Ces élections, dont les résultats sont attendus fin avril, sont les deuxièmes multipartites organisées depuis 1989. Mais comme en 2010 la plupart des partis de l'opposition les boycottent, estimant que le contexte politique ne permet pas un scrutin libre.
Jeudi, Khartoum a libéré deux opposants, Farouk Abou Issa et Amine Makki Madani, arrêtés en décembre après avoir signé un accord unifiant les rangs de l'opposition. Une décision visant, selon leur avocat, à alléger avant le scrutin la pression internationale sur le régime, accusé de chercher à étouffer toute voix dissidente.
La police a dispersé dimanche à coups de bâtons une manifestation de quelques centaines d?étudiants mobilisés contre les élections, à Port Soudan (est), selon des témoins. Les protestataires scandaient notamment "le peuple veut la chute du régime".
A Kalma, au Darfour-Sud, région en proie à un conflit depuis 12 ans, des centaines d?habitants d?un camp de déplacés ont aussi manifesté sous le slogan "Non aux élections du sang".
Durant la campagne, M. Béchir a promis d'apporter "sécurité et stabilité politique et économique" s'il était réélu pour un nouveau mandat de cinq ans.
Le défi est énorme. Déjà durement affectée par l'embargo imposé par les Etats-Unis depuis 1997 en raison de violations présumées de droits de l'Homme et des liens du régime avec le terrorisme, l'économie a subi un nouveau coup dur avec l'indépendance en 2011 du Sud, qui a privé Khartoum de 75% de ses revenus pétroliers.
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