Activité manufacturière en berne, déclin des échanges commerciaux et refroidissement immobilier, sur fond de consommation morose: la croissance économique chinoise a ralenti fortement au premier trimestre, selon un panel d'analystes, en dépit des efforts de relance de Pékin.
Les nuages peinent à se dissiper dans le ciel de la deuxième économie mondiale: sur les trois premiers mois de 2015, le produit intérieur brut (PIB) chinois a progressé de 6,9% sur un an, selon la prévision médiane de 15 économistes interrogés par l'AFP.
Pour eux, le chiffre officiel, dévoilé mercredi par le gouvernement, devrait donc s'établir très en-deçà des +7,3% du trimestre précédent. Le géant asiatique avait vu sa croissance fléchir à 7,4% en 2014, au plus bas depuis presque un quart de siècle.
Depuis, la conjoncture s'est encore assombrie, au fil de statistiques décevantes. Production industrielle et ventes de détail ont brutalement décéléré en janvier et février, glissant à des rythmes plus vus depuis au moins six ans.
Miné par les surcapacités et l'érosion de la demande, le secteur manufacturier oscille entre stagnation et contraction. Les exportations se sont effondrées de 15% en mars, et les importations ont plongé de 17% sur le trimestre.
- L'immobilier s'enfonce toujours -
Surtout le marché immobilier, qui s'est contracté en 2014 après des années de surchauffe, ne parvient pas à relever la tête: les prix des logements neufs ont rechuté en février et mars, après un modeste sursaut en janvier.
"Le fait que l'immobilier continue de s'enfoncer, en dépit des assouplissements réglementaires adoptés au deuxième semestre 2014 est particulièrement inquiétant", indique à l'AFP Brian Jackson, de l'institut IHS Economics.
Dans l'espoir de revigorer un marché atone, les autorités ont récemment abaissé l'apport minimal requis pour l'acquisition d'une résidence secondaire.
La faute, estime M. Jackson, à "des stocks énormes" de logements à écouler, en particulier dans les métropoles de taille moyenne. "Cela affecte plusieurs autres secteurs liés à l'immobilier (comme la construction), qui ont un poids important dans le PIB".
Exportations et immobilier: ce sont deux piliers traditionnels de la croissance chinoise qui s'essoufflent de façon durable et concomitante.
Soucieuse de stimuler l'activité et de contrer les tensions déflationnistes, la banque centrale (PBOC) a réduit par deux fois depuis novembre ses taux d'intérêt, abaissé les ratios de réserves obligatoires imposés aux banques (pour les inciter à prêter davantage) et procédé à de multiples injections à court et moyen terme de liquidités dans le système financier.
Avec une efficacité mitigée, de l'avis des experts.
- 'Inévitables' mesures de relance -
"Les coûts auxquels se financent les entreprises restent élevés () et les mesures de la PBOC ont peu d'impact sur la croissance", tranche Julian Evans-Pritchard, analyste de Capital Economics.
Ainsi, ces coups de pouce au marché immobilier et injections régulières de liquidités "ne seront pas suffisants pour empêcher la croissance de glisser plus bas", ajoute-t-il, tout en se disant persuadé que la banque centrale "garde de vastes marges de man?uvre pour agir davantage".
Certes, Pékin vante la "nouvelle normalité" d'une croissance ralentie, fruit de ses efforts pour rééquilibrer un modèle économique jugé obsolète -- au détriment notamment des monopoles des groupes étatiques et des industries non rentables.
Mais le gouvernement, désireux de maintenir la solidité du marché de l'emploi, s'est fixé pour l'année un objectif de croissance d'"environ 7%".
"Y parvenir exigera un ensemble de mesures de relance assez substantielles", relève M. Jackson.
Les experts de Nomura prédisent ainsi jusqu'à trois nouvelles réductions des taux d'intérêt de la PBOC et trois abaissements supplémentaires des ratios de réserves des banques d'ici à 2015.
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