Après un week-end de discussions marathon à Radio France sous l'égide du médiateur nommé par le gouvernement, le personnel doit se prononcer en Assemblée générale lundi matin - 26e jour de grève - sur la poursuite de ce conflit sans précédent dans le groupe.
Le médiateur ca déclaré "terminée" la "première étape" de sa mission dimanche soir et laissé sur la table un texte de propositions qui ne lève pas tous les blocages selon les syndicats, surpris et "amers".
La ministre de la Culture Fleur Pellerin a estimé que ce document de 3 pages ouvrait "la voie d?un compromis permettant une sortie du conflit" et appelé "chacun" à "prendre ses responsabilités quant à la reprise des antennes", perturbées depuis 25 jours par une grève d'une durée sans précédent.
En entamant sa médiation vendredi, Dominique-Jean Chertier avait émis le souhait que Radio France puisse "reprendre une vie normale avant la fin du week-end", une échéance également évoquée par Fleur Pellerin.
S'en tenant à son calendrier, il a remis un "texte à la direction, sans attendre sa réponse, et aux organisations syndicales, sans attendre leur réponse" avant de quitter Radio France vers 20H30. "Je considère que la première étape de ma mission, celle qui consistait à la reprise d'un dialogue social, est terminée", a-t-il indiqué à l'AFP.
"Je viens d'un monde industriel où on dit souvent que le meilleur moyen d'échouer sur un plan A est d'avoir un plan B. Et moi, je n'avais pas de plan B", a-t-il résumé.
Cette sortie du médiateur a surpris les syndicats, visiblement déçus par le texte de propositions.
"On a besoin de s'en remettre un peu. On a l'impression que le médiateur n'a pas servi à grand-chose", a commenté Guillaume Baldy, de l'Unsa. Le texte "comporte des points de blocage", a-t-il noté, regrettant notamment que la mutualisation des programmes des stations locales de France Bleu "reste possible".
Pour Jean-Paul Quennesson, délégué SUD, ce document donne "peu de garanties" sur l'emploi. "A ce stade, on émet beaucoup de réserves", a-t-il dit, tout en reconnaissant que cette médiation avait permis aux syndicats de s'exprimer.
- 'Thérapie de groupe' -
"On a une impression amère, on ne s'attendait pas à ça", a renchéri Jean-Eric Ziolkowski, de la CFDT, pour qui ces trois jours de discussions ont "servi de thérapie de groupe". "Ce n'est pas de bon augure, on verra demain si on reconduit ou pas" la grève, a-t-il expliqué.
Ce document "reflète les échanges des trois derniers jours, mais aussi les discussions antérieures entre la direction et l'intersyndicale", a estimé Fleur Pellerin, soulignant que le travail du médiateur avait permis de "renouer les fils du dialogue entre les parties".
Les contacts du médiateur avec les syndicats avaient commencé sous de bons auspices vendredi, la plupart saluant sa "grande qualité d'écoute". Mais ils se sont tendus samedi soir lorsque les discussions sont entrées dans le vif su sujet.
Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière.
La direction de Radio France est restée silencieuse pendant tout le week-end.
Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique de M. Gallet, qui prévoit notamment une "réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires. Autres sujets de désaccord: les deux orchestres symphoniques de Radio France, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement", et la mutualisation des programmes des radios locales de France Bleu.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy a jugé que "Radio France est devenu un bateau ivre", dénonçant "une ministre totalement dépassée, un président (de Radio France) trop peu expérimenté à qui on fait jouer le rôle de bouc émissaire et des syndicats trop puissants enfermés dans un conservatisme archaïque". Ce à quoi la ministre a répondu en dénonçant l'"héritage désastreux" de l'ancien président, notamment "un audiovisuel public à la dérive".
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