Fort de son alliance avec Martine Aubry, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, entend faire du congrès du parti, en juin, une première étape vers le redressement en vue de 2017, après les cuisantes défaites électorales des deux dernières années.
"Les personnalités qui se sont rassemblées sur ma motion partagent trois idées simples: le sens de l'intérêt général de la gauche, la volonté que le gouvernement réussisse dans le redressement du pays, et enfin la nécessité d'avoir un Parti socialiste qui soit ni social-libéral ni mélenchonisé", une allusion à Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche, a résumé dimanche le dirigeant socialiste, invité dimanche du "Grand rendez-vous" Europe 1/Le Monde/iTÉLÉ.
Autrement dit, sa motion, enregistrée samedi par le Conseil national, le "parlement" du PS, avec trois autres textes d'orientation, est la plus à même à ses yeux d'être "très largement majoritaire", même si une surprise n'est pas à exclure.
Les militants socialistes se prononceront le 21 mai. 131.000 d'entre eux sont à jour de cotisation et 30.000 autres vont être relancés pour pouvoir voter à temps, a-t-on indiqué au PS. Le taux de participation représente une inconnue et plus ce taux sera élevé, plus la légitimité de la motion arrivée en tête et de son premier signataire sera forte dans le parti.
Jean-Christophe Cambadélis considère que c'est précisément parce que sa motion a permis de rassembler des personnalités aussi diverses que Martine Aubry ou Gérard Collomb, le sénateur-maire de Lyon, de l'aile droite du PS, qu'elle représente le socle de convergences le plus large possible au sein du parti. Un socle dont le PS a besoin pour affronter les échéances électorales futures, régionales en décembre, présidentielle et législatives en 2017.
- Les aides aux entreprises dans le viseur -
Cela n'a pas été facile et le premier secrétaire a reconnu que des références hostiles à deux anciens dirigeants européens, le travailliste britannique Tony Blair et le social-démocrate allemand Gerard Schröder, avaient été retirées du texte de sa motion, à la demande de Gérard Collomb.
Jean-Christophe Cambadélis affirme qu'à la différence des congrès précédents, il n'y aura pas de synthèse de dernière minute à Poitiers, et que le texte majoritaire "donnera l'orientation du PS".
Au-delà des sensibilités propres à chaque motion, plusieurs préoccupations communes apparaissent et les aides aux entreprises décidées par le gouvernement sont particulièrement dans le viseur.
Il "serait temps que le Medef se bouge" pour tenir ses engagements de créations d'emplois en échange des allègements de charges obtenues par les entreprises, a ainsi déclaré Jean-Christophe Cambadélis.
La motion de l'aile gauche du PS, portée par le député Christian Paul, prône aussi de "recentrer les aides aux entreprises" parmi les mesures à engager d'ici à 2017.
La députée Karine Berger, dans sa motion "La Fabrique", réclame également que les "aides publiques aux entreprises () soient soumises par la loi à des contreparties en termes d'emploi".
La préoccupation d'un "éco-socialisme" est également défendue dans plusieurs motions.
Pour le premier secrétaire du PS, le congrès de Poitiers ne sera qu'une étape "dans un paysage politique où le tripartisme sera là". Et le PS se doit d'agir sur plusieurs fronts, organisationnel et idéologique.
Selon lui, le PS doit se renouveler avec une "perspective stratégique", celle de ce qu'il appelle une "belle alliance", une alliance, non pas "des états-majors", comme ce fut le cas de la "gauche plurielle" (1997-2002) dont il fut l'architecte, mais une alliance d'un type nouveau combinant "les partis, formations, groupes politiques, et les citoyens, les syndicats, les associations, syndicalistes, intellectuels"
Ce vaste rassemblement est indispensable, juge-t-il, pour "faire que la perspective des élections régionales, la perspective des élections présidentielle et législatives soient réouvertes comme une perspective positive pour l'ensemble de la gauche".
"La gauche n'a plus la force propulsive qui était la sienne dans les années 60-70 () Elle n'est plus en capacité d'être hégémonique, culturellement, comme elle le fut dans l'après-guerre. Il nous faut donc reconstruire, repenser et reformuler notre logiciel de pensée", confiait-il récemment dans une revue du PS.
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