Le médiateur chargé de dénouer la crise à Radio France poursuivait dimanche en début de soirée des discussions marathon avec direction et syndicats, avec l'espoir de débloquer avant lundi ce conflit sans précédent, mais des désaccords importants subsistaient, selon les syndicats.
"C'est chaud" a glissé un participant à la faveur d'une suspension de séance, résumant la tension entourant ces négociations entamées vendredi. Interrompues une première fois vers 15H00, les discussions ont été à nouveau suspendues à 18H00 et devaient reprendre vers 19H00 autour d'un nouveau texte présenté par le médiateur comme sa dernière proposition, d'après les syndicats.
Une assemblée générale est prévue lundi, 26e jour du mouvement, au cours de laquelle le personnel sera appelé à se prononcer sur la poursuite de la grève qui perturbe toujours les antennes, la plus longue qu'ait jamais connue le groupe.
En entamant sa médiation vendredi, Dominique-Jean Chertier avait émis le souhait que Radio France puisse "reprendre une vie normale avant la fin du week-end", une échéance également évoquée par la ministre de la Culture Fleur Pellerin.
Mais au troisième jour des discussions avec le médiateur, les syndicats restaient sur leur faim.
"Nous avons le sentiment que la direction de Radio France bloque les avancées qui pourraient avoir lieu (). Cependant nous espérons toujours que la suite de la journée sera décisive", avait indiqué à la mi-journée à l'AFP Guillaume Baldy, du syndicat Unsa.
Les contacts avec les syndicats avaient pourtant commencé sous de bons auspices vendredi, la plupart saluant la "grande qualité d'écoute" du médiateur et son professionnalisme. Mais ils se sont tendus samedi soir lorsque M. Chertier est revenu, à l'issue d'une suspension de séance, avec une deuxième ébauche de texte, jugée inacceptable par les syndicats. SUD et la CFDT avaient jugé notamment les propositions du médiateur "en deçà de ce qui avait déjà été négocié" avec la direction.
- Blocage sur la mutualisation des programmes -
"Le médiateur est une personne charmante, d'une grande habileté, mais ça bloque sur le fond et je suis assez pessimiste car la direction fait tout pour faire échouer cette médiation", commentait pour sa part dimanche matin Jean-Paul Quennesson, délégué SUD.
Pour Philippe Ballet, délégué Unsa, "le blocage vient de la direction et peut-être de la tutelle". "Aujourd'hui, on est très étonné que le médiateur n'ait pas plus de moyens pour négocier", a-t-il dit.
Interrogés, la direction de Radio France et le ministère de la Culture n'ont pas fait de commentaire.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy jugeait pour sa part que "Radio France est devenu un bateau ivre", dénonçant "une ministre totalement dépassée, un président (de Radio France) trop peu expérimenté à qui on fait jouer le rôle de bouc émissaire et des syndicats trop puissants enfermés dans un conservatisme archaïque". Ce à quoi la ministre a répondu en dénonçant l'"héritage désastreux" de l'ancien président, avec notamment "un audiovisuel public à la dérive".
Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats de Radio France à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière.
Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique de M. Gallet, qui prévoit notamment une "réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires.
Parmi les autres sujets de désaccord figurent le sort des deux orchestres symphoniques de Radio France, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement", et la mutualisation des programmes des radios locales de France Bleu entre 13H30 et 16H30, selon les projets de la direction.
C'est sur cette dernière question que les discussions achoppaient notamment dimanche après-midi. Selon les syndicats, 60 à 80 emplois seraient menacés si cette mutualisation était mise en ?uvre.
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