Le médiateur chargé par le gouvernement de dénouer un conflit social sans précédent à Radio France, poursuivait dimanche des discussions marathon avec direction et syndicats pour tenter de débloquer la crise avant lundi, mais des désaccords importants subsistent, selon les syndicats.
Une assemblée générale est prévue lundi, 26e jour du mouvement, au cours de laquelle le personnel sera appelé à se prononcer sur la poursuite de la grève, la plus longue jamais observée dans le groupe.
En entamant sa médiation vendredi, Dominique-Jean Chertier avait émis l'espoir que Radio France puisse "reprendre une vie normale avant la fin du week-end", une échéance également évoquée par la ministre de la Culture Fleur Pellerin.
Mais à l'issue de deux jours de discussions et juste avant une nouvelle séance, les syndicats se montraient très déçus dimanche matin face à "l'absence d'avancée" sur les "points de blocage".
"Il n'y a eu aucune avancée réelle samedi et je suis très déçu", a déclaré à l'AFP Philippe Ballet, délégué UNSA, avant le début de la réunion, tandis que les syndicats SUD et CFDT jugeaient les dernières propositions présentées par le médiateur "en deçà de ce qui avait déjà été négocié" avec la direction.
Les contacts avec les syndicats avaient pourtant débuté sous de bons auspices, la plupart saluant la "grande qualité d'écoute" du médiateur et son professionnalisme.
Mais ils se sont tendus samedi soir lorsque M. Chertier est revenu, à l'issue d'une suspension de séance, avec une deuxième ébauche de texte, jugée inacceptable par les syndicats.
- "Ca bloque sur le fond" -
"Le médiateur est une personne charmante, d'une grande habilité, mais ça bloque sur le fond et je suis assez pessimiste car la direction fait tout pour faire échouer cette médiation", a commenté pour sa part Jean-Paul Quennesson, délégué Sud.
Pour M. Ballet aussi, "le blocage vient de la direction et peut-être de la tutelle". "Aujourd'hui, on est très étonné que le médiateur n'ait pas plus de moyens pour négocier", a-t-il dit.
Interrogés, la direction de Radio France et le ministère de la Culture n'ont pas fait de commentaire.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy juge pour sa part que "Radio France est devenu un bateau ivre", dénonçant "une ministre totalement dépassée, un président (de Radio France) trop peu expérimenté à qui on fait jouer le rôle de bouc émissaire et des syndicats trop puissants enfermés dans un conservatisme archaïque".
Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats de Radio France à toute reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière.
Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique de M. Gallet, qui prévoit notamment une "réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires.
Parmi les autres sujets de désaccord figurent le sort des deux orchestres symphoniques de Radio France, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement", et la mutualisation des programmes des radios locales de France Bleu, prévue sur certaines tranches horaires.
"La direction est visiblement inflexible" sur cette mutualisation qui pourrait concerner un quart des programmes, relève M. Ballet.
Pour le délégué CFDT Jean-Erik Ziolkowski, il reste encore "un énorme travail" à faire sur cette mutualisation ainsi que sur les formations musicales permanentes de Radio France.
Interrogé pour savoir si la crise pourrait être débloquée avant dimanche soir comme le souhaitait la ministre, il s'est montré prudent. "J'ai toujours espoir mais je trouve qu'on part de très loin", a-t-il déclaré juste avant la réunion.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.