La campagne du congrès de Poitiers, début juin, est désormais lancée chez les socialistes dont le Conseil national, le "parlement" du parti, a entériné samedi quatre "motions" concurrentes sur lesquelles les militants PS auront à se prononcer le 21 mai.
Il s'agit de la "motion A", intitulée "Le renouveau socialiste", dont le premier signataire est le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et qui ambitionne de réunir la majorité des sensibilités socialistes. Martine Aubry, la très influente maire de Lille, a annoncé vendredi soir qu'elle soutenait cette motion.
La "motion B", "A gauche pour gagner", dont le premier signataire est le député Christian Paul, réunit les deux courants de l'aile gauche du PS, ainsi que les "frondeurs" socialistes de Vive la gauche.
La "motion C", "Osons un nouveau pacte citoyen et républicain", a pour première signataire Florence Augier, secrétaire nationale du PS. La "motion D", enfin, "La Fabrique", a pour première signataire la députée des Hautes-Alpes, Karine Berger.
Les militants socialistes à jour de cotisation voteront sur ces différents textes le 21 mai. Les premiers signataires des deux motions arrivées en tête seront ensuite en lice le 28 mai, date à laquelle les militants les départageront pour le poste de premier secrétaire du PS.
L'enjeu du congrès de Poitiers est fort pour le PS, qui vient de subir, avec les départementales, une quatrième défaite électorale en un an et qui entend se préparer pour les régionales de décembre et la présidentielle de 2017.
Le gouvernement espère que ce rendez-vous sera apaisé, loin des déchirements qu'ont pu connaître certains congrès socialistes, et que la motion portée par Jean-Christophe Cambadélis, qui a les faveurs de l'exécutif, obtiendra la majorité la plus large possible.
Soucieux de mettre en évidence une large unité autour de lui, Jean-Christophe Cambadélis est arrivé au Conseil national en compagnie de Martine Aubry, qui avait entretenu le suspense pendant plusieurs semaines sur ses intentions, et du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.
- "D'accord sur tout!? Mais c'est une blague!" -
Le premier secrétaire a expliqué à la presse que sa motion prônait "le renouveau des socialistes par la réussite gouvernementale", mais aussi "le dépassement du Parti socialiste" à travers la fondation d'une "nouvelle alliance à gauche", avec la gauche et les écologistes ainsi que les citoyens.
Le Premier ministre n'a pas manqué de se féliciter samedi de l'arrivée de Martine Aubry dans la motion du premier secrétaire du PS, y voyant "une bonne chose" pour "le rassemblement des socialistes".
Il est prévu que plusieurs ministres et Manuel Valls lui-même signent cette motion, selon plusieurs sources concordantes.
Après des réticences et mises en garde de dernière minute, le pôle des "Réformateurs" (aile droite du PS) a confirmé qu'il rejoignait finalement la motion Cambadélis-Aubry.
Cette motion qui rassemble désormais des sensibilités très diverses suscitait d'ailleurs quelques sarcasmes samedi de la part des motions concurrentes.
"Ils sont d'accord sur tout!? Mais c'est une blague!" a ironisé Paul Quilès, ancien ministre de François Mitterrand et signataire de la motion "La Fabrique".
Christian Paul ("A gauche pour gagner") s'est inquiété des effets que pourrait avoir une motion "qui tente le mariage des contraires sans garantir aux socialistes quoi que ce soit en termes de politique concrète".
"Si le congrès anesthésie le Parti socialiste, si le congrès ne permet pas de redresser le tir, si nous ne sommes pas majoritaires dans ce congrès, il y a fort à parier qu'en 2017 le parti () connaisse la pire des difficultés politiques", a-t-il prévenu en assurant qu'avec les siens, ils n'étaient "pas des fouteurs de crise".
Le congrès de Poitiers constitue "la dernière chance de présenter autre chose que de l'entre-soi (entre responsables et cadres socialistes)", a raillé l'ancienne ministre Dominique Bertinotti, de la motion "La Fabrique", un texte qui veut mettre en avant les militants dans la préparation de ce congrès.
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