Edith Piaf, c'est d'abord le noir, celui de sa célèbre tenue de scène. Mais la redécouverte de l'interprète de "La vie en rose" passe par bien d'autres couleurs dans la rétrospective présentée par la BNF à Paris, comme le bleu-blanc-rouge de l'icône patriotique ou le doré de sa légende.
Cette exposition, organisée à l'occasion du centenaire de la naissance d'Edith Piaf, née le 19 décembre 1915 et morte le 10 octobre 1963, se tiendra du 14 avril au 23 août à la Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand. Plus de 400 pièces - photos, paroles de chansons, lettres, affiches, documents audiovisuels, objets divers - sont visibles, dont certaines inédites.
L'exposition embrasse toute la vie tumultueuse de celle qui incarne "LA" voix française, une vie aussi intense que ses prestations scéniques.
Une robe noire
Star de l'exposition, la robe noire symbolise Edith Piaf. Celle exposée à Paris, don de sa dernière secrétaire et confidente, Danielle Bonel, "était sa robe fétiche", explique à l'AFP Joël Huthwohl, commissaire général de l'exposition. Jupe plissée, manches longues pour masquer des séquelles d'accidents de voitures, grande emmanchure pour qu'elle puisse lever les bras en chantant, cette robe en maille de soie a été portée par Piaf dans les années 1950.
En adoptant le noir, elle s'inscrit dans la tradition des chanteuses réalistes l'ayant précédées, comme Damia. "A ses débuts, cette robe de pauvresse servait aussi son numéro de la môme Piaf, tirée du ruisseau. Ensuite elle a compris que cette couleur était le cadre idéal pour mettre en valeur sa voix", souligne le commissaire.
Comme un clin d'oeil, sur la première photo connue d'elle, tirée d'une carte postale promotionnelle visible au début de l'exposition, c'est déjà une jupe plissée que porte "Miss Edith, phénomène vocal", âgée d'à peine 10 ans.
Une icône bleu-blanc-rouge
Après la guerre, Edith Piaf adopte les couleurs nationales, qui barrent certaines de ses affiches. La chanteuse, connue pour ses chansons de soldats ("Mon légionnaire") mais aussi pour être allée chanter en Allemagne pour les prisonniers français pendant la guerre, devient dans les années 1950 une "sorte d'emblème d'un patriotisme assez consensuel", explique Joël Huthwohl.
Un objet dans l'exposition résume cette Piaf patriote: une "charlotte" que portait la chanteuse dans le film de Sacha Guitry, "Et si Versailles m'était conté" (1954), dans lequel elle campe une révolutionnaire chantant "Ah, ça ira".
Bleu-blanc-rouge toujours le maillot du cycliste Louis (dit "Toto") Gérardin que la chanteuse conservait religieusement dans ses archives et que l'exposition présente dans la partie consacrée à ses nombreux amours. Ce champion fut brièvement l'amant de la chanteuse après la disparition tragique de Marcel Cerdan, dont les gants sont également exposés.
Une légende dorée
Dorée, comme l?héritage de Piaf, dont une vingtaine de chansons (sur les 400 qu'elle a interprétées dans sa carrière) sont des standards internationaux, repris au fil des années par des artistes de tous pays et de tous styles, de Franck Sinatra à la rockeuse britannique Anna Calvi en passant par Serge Gainsbourg, Patricia Kaas ou Cheb Mami.
Dorée, c'est aussi la couleur d'un disque rare présenté dans cette exposition: une des six "matrices" originales de chansons enregistrées par Piaf dans les années 1940 et restées inédites plus de 60 ans. Ces 78 tours, dont la maison de disques Polydor s'était débarrassé, ont dormi de longues années dans les archives de la Bibliothèque nationale. Avant d'être exploités en 2003 par deux passionnés qui ont notamment découvert l'enregistrement de la chanson "Je ne veux plus faire la vaisselle", présenté par la BNF.
Dorée, c'est enfin la couleur du César et de l'Oscar visibles en toute fin d'exposition. Ces deux récompenses sont évidemment celles de Marion Cotillard, obtenues pour son interprétation de Piaf dans "La Môme" en 2007, et prêtées par la comédienne.
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