Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro se retrouvent samedi en marge du Sommet des Amériques au Panama pour une rencontre historique qui marquera une étape décisive dans le rapprochement entre les deux pays.
Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants doivent avoir une "conversation en marge des réunions des 35 chefs d'Etat. Il s'agira du premier échange entre présidents des deux pays depuis 1956, soit cinq ans avant la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba.
Vendredi, le sommet s'est ouvert sur une poignée de main en coulisses entre les deux hommes, qui ont également échangé quelques mots sourire aux lèvres.
Le très attendu face à face de samedi doit marquer d'une pierre blanche le réchauffement annoncé au terme de 18 mois de tractations menées dans le plus grand secret, qui ont permis de tourner la page de plus d'un demi-siècle de conflit.
Au menu de leurs discussions figurera certainement la reprise de leurs relations diplomatiques, qui tardent à se concrétiser malgré trois séries de discussions de haut niveau à La Havane et Washington.
Le principal obstacle à la réouverture d'ambassades réside pour l'instant dans la présence de Cuba sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, qui coupe Cuba d'une partie de l'aide internationale.
La Maison Blanche a indiqué que M. Obama n'était "pas encore au stade" de prendre une décision sur ce point, mais n'a pas toutefois pas écarté "une annonce" au Panama.
"Le retrait potentiel (de Cuba) de la liste illustrera le passage de la relation USA-Cuba sur un plan plus pragmatique () C'est un pas significatif () mais le processus global sera toujours limité par l?embargo américain", souligne Diego Moya-Ocampos, analyste de l'institut américain d'étude risque IHS.
Décrété en février 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996, l'embargo total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l'île, avec des dommages estimés à 116 milliards de dollars.
Depuis l'annonce historique du rapprochement avec Cuba, Barack Obama a demandé au Congrès, contrôlé par les républicains, de travailler à la levée de l'embargo car lui seul peut le faire. Mais les deux chambres sont pour l'instant très partagées sur la question.
Dans l'attente d'une décision du Congrès, M. Obama a pris une série de mesures assouplissant l'embargo, dans la limite de ses prérogatives présidentielles, mais elles sont jugées "insuffisantes" par La Havane.
- Dans le vif du sujet -
Samedi, les chefs d'Etat doivent avoir plusieurs réunions de travail en session plénière plus à huis clos avant la clôture officielle prévue en fin d'après-midi.
Le Sommet, officiellement consacré à la "prospérité dans l'égalité", devrait se terminer sans déclaration finale, les Etats-Unis refusant d'y voir mentionné un soutien au Venezuela dans sa dispute avec Washington.
Depuis plusieurs semaines, M. Obama est la cible de nombreuses critiques de pays latino-américains outrés par sa récente décision de signer un décret qualifiant le Venezuela, principal partenaire économique de Cuba, de "menace" pour la sécurité intérieure des Etats-Unis.
"Ce serait une bonne chose si Obama, qui représente un pays si important en Amérique et dans le monde, fasse des propositions nous permettant de nous unir et de nous convertir en une Amérique de paix", a protesté vendredi le président socialiste bolivien Evo Morales à la chaîne panaméricaine vénézuélienne Telesur.
Les onze chefs d'Etat de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), qui compte les principaux alliés du Venezuela, doivent se réunir en marge du sommet pour décider des actions à mener en ce sens, a indiqué M. Morales
De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro compte remettre à M. Obama plus de 13 millions de signatures en faveur de l'annulation de ce décret.
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