Ivre, elle avait violenté et secoué le bébé de cinq mois dont elle avait la garde, lui occasionnant un handicap irréversible: une nourrice de 45 ans a été condamnée vendredi à dix ans d'emprisonnement par la cour d'assises des Yvelines.
La peine, conforme aux réquisitions de l'avocate générale, est assortie d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans, d'une obligation de soins et de l'interdiction définitive d'exercer le métier de garde d'enfants ainsi que toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs.
Géraldine Le Gusquet devra également verser 50.000 euros de dommages et intérêts aux parents et plus de 100.000 euros à l'Assurance maladie et au fonds d'indemnisation des victimes d'infractions.
"C'est un drame humain qui aboutit à une lourde sanction", a commenté Me Vincent Nioré, l'un des avocats de l'accusée, précisant que la défense n'entendait "certainement pas" faire appel.
Celui-ci regrettait toutefois que sa cliente n'ait passé qu'un an en détention provisoire "alors qu'elle était prête à en faire plus". "Il est regrettable qu'elle doive retourner en prison. Si les choses avaient été bien faites, elle serait condamnée mais libre", a-t-il déploré.
"La vérité a été reconnue", a pour sa part déclaré le conseil des parties civiles, Me Jean-Louis Chalanset. "L'accusée a reconnu que l'enfant était tout à fait normal, pas plus difficile qu'un autre, et elle a reconnu les violences".
Un soulagement partagé par la mère: "Je suis contente que l'honneur de mon fils et de ma fille soit réhabilité, qu'elle ait dit qu'ils n'étaient pas coupables et se soit excusée".
En effet, pendant l'instruction, la nourrice avait décrit le bébé comme un enfant difficile, dont les pleurs incessants l'avaient poussée à bout. Pour expliquer un des hématomes crâniens constatés à l'hôpital, elle avait aussi accusé sa soeur aînée de l'avoir lancé contre une hotte de cuisine.
- 'Je ne me pardonnerai jamais' -
A l'audience, finies ces accusations.
Mme Le Busquet a reconnu avoir bu plusieurs verres de vin cuit le matin du 30 mars 2010. Hors d'elle, elle a manipulé violemment l'enfant, jusqu'à le jeter sur sa table à langer, dont il est tombé, se cognant la tête dans sa chute. "Je l'ai secoué après qu'il soit tombé. Il paraissait sonné, j'ai eu très très peur", s'est-elle souvenue vendredi matin.
Ses derniers mots, avant que la cour se retire pour délibérer, ont été prononcés entre deux sanglots: "Toutes mes excuses ne pourront jamais être entendues ni par l'enfant ni par sa famille. Ils ne me pardonneront jamais, comme moi je ne me pardonnerai jamais".
"Le responsable, c'est bien l'accusée. Pas le bébé que ses proches ont qualifié de +petit gueulard+, pas plus que les parents, dont ils ont pu dire qu'ils n'étaient pas très responsables, () ou l'alcool qui ne peut en aucun cas être une excuse", avait requis un peu plus tôt l'avocate générale Sophie Galy-Dejean.
La magistrate avait demandé aux jurés de "tenir compte de la personnalité complexe de l'accusée, du chemin qu'elle a déjà parcouru mais aussi du dommage éternel fait à la famille de la victime".
Pour la défense, "si elle en est arrivée là, c'est à cause de son parcours de vie", marqué par la dépression, l'alcoolisme et les agressions sexuelles qu'elle raconte avoir subies.
Me Sophie Domingos est longuement revenue sur le portrait de la petite quadragénaire apprêtée, à l'allure bienveillante, qui s'est dessiné au fil de l'audience. Celui d'une femme "obnubilée par l'image qu'elle souhaitait donner d'elle-même, celle d'une mère parfaite".
Une femme qui a caché à son entourage l'ampleur de ses difficultés psychologiques puis s'est cachée pour boire. Une femme qui n'a pas pu admettre qu'elle n'arrivait pas à s'occuper du bébé et qui s'est entêtée dans le déni plutôt que de demander de l'aide.
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