Les premières discussions vendredi entre les syndicats de Radio France et le médiateur nommé par le gouvernement ont permis de renouer le dialogue après plus de trois semaines d'un conflit sans précédent, sans toutefois déboucher pour l'instant sur une suspension de la grève.
Les organisations syndicales et Dominique-Jean Chertier, qui se sont entretenus pendant une partie de la journée, doivent se retrouver samedi à 15H00 pour poursuivre leurs débats à huis clos.
"J'ai l'espoir d'arriver à une sortie de conflit rapide. Le temps n'arrange jamais rien après un conflit long", a déclaré à l'AFP le médiateur à l'issue de cette première prise de contact.
Sa feuille de route avait été tracée par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, dans un entretien au Monde vendredi matin: "Dans l'immédiat, il s'agit de renouer les fils du dialogue et de mettre un terme à la crise", "si possible d'ici à dimanche soir".
Mais lors d'une assemblée générale intervenue peu après, le mouvement avait été reconduit pour le 23e jour consécutif à une très forte majorité par quelque 300 personnes. Près de 2.900 salariés travaillent à Radio France à Paris.
Les syndicats, qui avaient affiché leur détermination en AG, notamment sur la question des suppressions d'emplois, se montraient eux aussi positifs après leur rencontre avec le médiateur.
"On repart sur de nouvelles bases aujourd'hui, donc satisfaction", a commenté Philippe Ballet, délégué Unsa.
"Il a une méthode, il écoute, il laisse parler les gens. Il semble s'inscrire dans un temps long", a déclaré Renaud Dalmar (CFDT).
- "Qualité d'écoute" -
Une "grande qualité d'écoute" reconnue aussi par Jean-Paul Quennesson (SUD). Mais "aura-t-il le mandat pour que nos revendications soient écoutées ?".
Les débats ont porté sur plusieurs mesures du plan stratégique présenté par le PDG de Radio France Mathieu Gallet. Plusieurs intervenants ont exprimé leur opposition à la mutualisation des programmes des radios locales de France Bleu prévue par la direction sur certaines tranches horaires, selon une source syndicale.
Autre sujet abordé, le sort des deux orchestres symphoniques, qui doivent faire l'objet d'un "redimensionnement". Les musiciens de l'Orchestre National de France ont d'ailleurs annulé leur concert vendredi soir au Théâtre des Champs-Elysées à Paris jugeant leur avenir "plus que jamais incertain".
La désignation d'un expert avait été posée comme préalable par les syndicats à toute reprise des discussions, au point mort depuis des semaines.
Le recours à la médiation était aussi préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui a nommé Mathieu Gallet à la tête de Radio France au début de l'année dernière.
Le plan de Mathieu Gallet, qui apparaît fragilisé par cette crise, vise à assainir les comptes du groupe de 4.600 salariés, en déficit de 21,3 millions d'euros cette année, en raison d'une stagnation des dotations publiques, alors que les charges augmentent. D'autant que selon la direction, la grève, qui perturbe fortement les antennes, coûte un million d'euros par semaine au groupe public.
La direction prévoit "une réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires dans tous les secteurs d'activité, en partie compensés par la création de 50 postes dans de nouveaux métiers.
La réduction de la masse salariale se situerait entre "18 à 24 millions". Ces mesures ont été rejetées par les syndicats, vent debout contre toute suppression d'emplois.
Outre des réductions d'effectifs, le plan prévoit l'arrêt des ondes longues et moyennes, la création de webradios et une refonte de France Musique.
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