Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a entamé vendredi à Paris une visite officielle qui pourrait déboucher sur une avancée importante pour le "contrat du siècle", le projet d'acquisition par Delhi de dizaines d'avions de combat français Rafale.
Le président français François Hollande a indiqué qu'il espérait "avancer" sur ce dossier au cours de cette visite. "Mais il y aura d'autres rencontres et nous verrons bien comment nous pouvons finaliser ce possible contrat", a-t-il ajouté, à quelques heures de sa rencontre à l'Elysée avec M. Modi.
Des négociations entre responsables français et indiens, entamées jeudi soir, devaient se poursuivre vendredi après-midi dans un lieu tenu secret à Paris, selon une source proche du dossier.
Sont réunis autour de la table des représentants de MM. Modi et Hollande ainsi que des ministres français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de leurs homologues indiens, a-t-on ajouté de même source.
La France tente de débloquer un contrat géant, en discussion depuis trois ans, pour la vente de 126 avions de combat Rafale à l'Inde, dont 108 seraient fabriqués sur des chaînes de montage indiennes selon un transfert de technologie inédit.
Après avoir un temps buté sur les questions de responsabilité industrielle des appareils fabriqués en Inde, le problème porte aujourd'hui sur le coût global du contrat, plus élevé que prévu en raison de la nécessité de constituer une chaine d'assemblage et de sous-traitants en Inde ainsi que de former des équipes sur place.
Selon la presse indienne, M. Modi, arrivé au pouvoir en 2014, veut sortir également de l'impasse et envisage désormais l'achat direct de plusieurs dizaines d'appareils fabriqués en France pour moderniser au plus vite l'armée de l'air indienne (IAF), équipée en partie d'antiques Mig-21 et 27 russes.
Au moment où M. Modi arrivait en France, le journal indien The Hindustan Times affirmait que Delhi "envisage sérieusement l'achat de jusqu'à 40 Rafale" en raison de "nécessités opérationnelles". Selon Saurabh Joshi, spécialiste indien des questions de défense, la discussion pourrait porter sur 60 à 63 appareils au total, soit un contrat potentiel de 7 milliards d'euros.
"La question des Rafale est toujours en discussion et nous devrions être en mesure d?avancer sur des bases mutuellement acceptables", a seulement lâché M. Modi jeudi au quotidien français Le Figaro.
Entré en service en 2004 dans les forces armées françaises, l'avion de combat n'a connu son premier succès commercial qu'en février avec la vente de 24 Rafale à l'Egyte, après une série de six échecs à l'export.
Le nucléaire devrait également figurer au coeur des discussions, avec l'espoir côté français de progresser sur la vente de six réacteurs nucléaires EPR à l'Inde, soit une capacité de 10.000 mégawatts.
- Le 'Make in India' à l'honneur aussi-
Le dirigeant nationaliste hindou, banni d'Europe après des émeutes antimusulmanes dans son Etat du Gujarat en 2002, effectue à Paris puis Berlin son premier déplacement en Europe, où il devrait cette fois recevoir un accueil fastueux, fort des performances économiques de l'Inde qui affiche une croissance supérieure à la Chine.
Vendredi matin, il a été reçu au siège du patronat français (Medef) pour des discussions axées sur la promotion de l'Inde comme base industrielle, notamment à l'export, et pôle d'investissement. Il visitera aussi samedi le site d'Airbus, à Toulouse (sud-ouest).
Point d'orgue de sa visite en France, il doit être reçu par M. Hollande à 16H00 (14H00 GMT) pour des entretiens suivis de la signature d'accords et de déclarations à la presse vers 18H00 (16H00 GMT).
"Je me réjouis de me rendre en France pour renforcer l'implication française dans notre programme +Make in India+ (Venez fabriquer en Inde, ndlr), en particulier dans le secteur de la défense", a-t-il écrit sur son compte Facebook.
M. Modi, largement élu il y a près d'un an sur la promesse de relancer l'investissement et l'emploi, mise sur sa capacité à imposer l'Inde comme plateforme de production et d'exportation.
Le dirigeant indien fera ensuite étape en Allemagne, première économie de la zone euro, pour inaugurer la plus grande foire industrielle du monde à Hanovre et rencontrer la chancelière Angela Merkel.
M. Modi a promis de faciliter la vie des entreprises en allégeant les contraintes bureaucratiques et en simplifiant la fiscalité.
L'Inde n'arrive cependant qu'à la 142e position sur 189 pays au classement de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires.
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