Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a entamé vendredi à Paris une visite officielle qui pourrait déboucher sur une avancée importante sur le "contrat du siècle", le projet d'acquisition par Delhi de dizaine d'avions de combat français Rafale.
"Des négociations sont en cours" sur le Rafale à l'Elysée et au ministère de la Défense, a-t-on indiqué de source gouvernementale française, sans plus de commentaires, en soulignant que rien n'était fait.
La France tente de débloquer un contrat géant, en discussion depuis trois ans, pour la vente de 126 avions de combat Rafale à l'Inde, dont 108 seraient fabriqués sur des chaînes de montage indiennes. Les négociations butent toutefois sur des questions de prix et de responsabilités industrielles dans un schéma complexe et inédit de transfert de technologie.
Selon la presse indienne, M. Modi, arrivé au pouvoir en 2014, veut sortir également de l'impasse et envisage désormais l'achat direct de plusieurs dizaines d'appareils fabriqués en France pour moderniser la flotte vieillissante de l'armée de l'Air indiennne.
Au moment où il arrivait en France, le journal indien The Hindustan Times affirmait ainsi que le gouvernement indien "envisage sérieusement l'achat de jusqu'à 40 Rafale" en raison de "nécessités opérationnelles". Selon Saurabh Joshi, spécialiste indien des questions de défense, la discussion pourrait porter sur 60 à 63 appareils au total, soit un contrat potentiel de 7 milliards d'euros.
"La question des Rafale est toujours en discussion et nous devrions être en mesure d?avancer sur des bases mutuellement acceptables", a seulement lâché M. Modi jeudi au quotidien français Le Figaro.
Avant son arrivée, la présidence française s'est contentée pour sa part de souligner que le Premier ministre ne venait "pas en France spécifiquement" pour le marché des Rafale et que la visite ne visait pas nécessairement à "arracher un contrat".
Le nucléaire devrait également figurer au coeur des discussions, avec l'espoir côté français de progresser sur la vente de six réacteurs nucléaires EPR à l'Inde, représentant une capacité de 10.000 mégawatts.
- Le 'Make in India' à l'honneur aussi-
Le dirigeant nationaliste hindou, banni d'Europe après des émeutes antimusulmanes dans son Etat du Gujarat en 2002, effectue à Paris puis Berlin son premier déplacement en Europe, où il devrait cette fois recevoir un accueil fastueux, fort des performances économiques de l'Inde qui affiche une croissance supérieure à la Chine.
Vendredi matin, il a été reçu au siège du patronat français (Medef) pour des discussions axées sur la promotion de l'Inde comme base industrielle, notamment à l'export, et pôle d'investissement. Il visitera aussi samedi le site d'Airbus, à Toulouse (sud-ouest).
Point d'orgue de sa visite en France, il sera reçu par le président François Hollande à 16H00 (14H00 GMT) à l'Elysée pour des entretiens suivis de la signature d'accords et de déclarations à la presse vers 18H00.
"Je me réjouis de me rendre en France pour renforcer l'implication française dans notre programme +Make in India+ (Venez fabriquer en Inde, ndlr), en particulier dans le secteur de la défense", a-t-il écrit sur son compte Facebook.
M. Modi, largement élu il y a près d'un an sur la promesse de relancer l'investissement et l'emploi, mise sur sa capacité à imposer l'Inde comme plateforme de production et d'exportation.
Le dirigeant indien fera ensuite étape en Allemagne, première économie de la zone euro, pour inaugurer la plus grande foire industrielle du monde à Hanovre et rencontre la chancelière Angela Merkel.
M. Modi a promis de faciliter la vie des entreprises en allégeant les contraintes bureaucratiques et en simplifiant la fiscalité.
Le gouvernement a aussi porté à 49% la participation que les investisseurs étrangers peuvent détenir dans des sociétés du secteur de la défense, et veut favoriser les transferts de technologie.
L'Inde n'arrive cependant qu'à la 142e position sur 189 pays au classement de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires.
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