Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro se retrouvent vendredi au Panama pour un sommet continental historique voué à sceller le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba après 53 ans d'antagonisme absolu.
L'événement a été précédé dans la nuit de jeudi à vendredi par une rencontre qui fera déjà date entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue cubain Bruno Rodriguez.
Ces entretiens, les premiers entre responsables de ce niveau depuis 1958, ont permis de faire des "progrès" en vue du rapprochement entre les deux pays, a rapporté le Département d'Etat sans fournir plus de détails.
Ce sommet des Amériques, qui réunit pendant deux jours une trentaine de chefs d'Etat, enregistre la présence inédite de Cuba, longtemps écarté des grand-messes continentales par les Etats-Unis et l'Organisation des Etats américains (OEA).
Et après la poignée de main échangée fin 2013 par MM. Obama et Castro en Afrique du sud, les deux hommes vont se retrouver pour un face-à-face sans précédent entre chefs d'Etat des deux pays depuis 1956. Soit deux ans avant la révolution socialiste de Fidel Castro qui avait conduit à la rupture des relations cubano-américaines en 1961.
Si aucune rencontre formelle n'a été annoncée, ces échanges inédits vont venir couronner le rapprochement surprise annoncé en décembre dernier au terme de 18 mois de tractations menées dans le plus grand secret.
Après l'ouverture officielle du sommet dans la soirée, MM. Castro et Obama doivent participer à un dîner de chefs d'Etat dans la vieille ville de Panama.
L'annonce du dégel entre les ennemis de la guerre froide fera date et ouvre la voie à de longues et âpres négociations pour résoudre de nombreux points de contentieux hérités de plus d'un demi-siècle d'affrontements.
Jeudi soir, le Département d'Etat aurait toutefois entamé les démarches pour la levée d'un premier obstacle: la présence de Cuba dans la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.
- Le long chemin de la normalisation -
Ben Cardin, démocrate le plus haut placé de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a fait état du dépôt d'une "recommandation du département d'Etat de retirer Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme".
"J'espère que cette annonce lèvera les obstacles au rétablissement des relations diplomatiques", a souligné le sénateur, alors que le Département d'Etat tardait à confirmer l'information.
Le retrait de Cuba de cette liste est la principale condition posée par Cuba à la réouverture d'ambassades dans les deux pays, même si M. Obama a prévenu que cela "prendrait du temps", avant de quitter la Jamaïque pour le Panama, où il est arrivé jeudi soir.
Cette liste est "juste un début" sur le chemin de la normalisation, a relevé pour l'AFP Mark Weisbrot, directeur Centre de recherche économique et politique basé à Washington.
Car Raul Castro a prévenu fin janvier que la normalisation "ne sera pas possible" tant que sera maintenu l'embargo en vigueur depuis 1962 contre l'île communiste, qui demande inlassablement sa levée.
Par ailleurs, demeurent les épineux dossiers de la base navale américaine de Guantanamo (est), occupée par les troupes américaines depuis 1903, et celui des compensations mutuelles demandées par les deux pays pour les dégâts de l'embargo et la nationalisation de biens américains après la révolution castriste.
Ce sommet "fait partie des négociations en cours" entre La Havane et Washington, explique l'ancien diplomate et universitaire cubain Carlos Alzugaray. "La présence de Raul Castro au sommet n'est pas un aboutissement, mais un début".
- La pétition de Maduro -
Soucieux de reprendre pied sur le continent après avoir déminé la question cubaine, M. Obama a annoncé qu'il viendrait à ce Sommet porteur d'une volonté de "dialogue", fort du réchauffement en cours avec La Havane et de la signature d'un accord-cadre sur le nucléaire iranien.
Mais il devra faire face à de nombreux pays latino-américains remontés par sa récente décision de signer un décret qualifiant le Venezuela, principal partenaire économique de Cuba, de "menace" pour la sécurité intérieure des Etats-Unis.
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