Un long cortège, noyé dans une marée de drapeaux rouge de la CGT: des dizaines de milliers de personnes défilaient jeudi à Paris lors d'une manifestation "anti-austérité" dont les syndicats entendent faire une démonstration de force.
"Le mot d'ordre, c'est +Contre l'austérité et pour des politiques alternatives à celle du gouvernement et du Medef: revalorisation des salaires, réduction du temps de travail, tout ce qui fait en sorte qu'on puisse développer l'emploi+", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui emmenait le cortège avec son homologue de FO, Jean-Claude Mailly.
Avec ce défilé national à l'appel de quatre syndicats - CGT, FO, FSU, Solidaires - assorti d'appels à la grève dans plusieurs centaines d'entreprises publiques et privées, la CGT entend aussi afficher une image de force et d'unité, après la crise sans précédent qui a abouti à la démission de son ex-numéro un, Thierry Lepaon. La centrale avait affrété plus de 250 cars pour acheminer ses militants.
"Le slogan qu'on a pris c'est +maintenant ça suffit!+, il faut le social, mais pour le moment on n'est pas entendus, M. Gattaz (le patron du Medef, ndlr) a plus l'oreille du gouvernement que les organisations syndicales", a de son côté déploré auprès de l'AFP Jean-Claude Mailly.
En tête du défilé qui rassemblait, selon des journalistes de l'AFP, plusieurs dizaines de milliers de personnes, une large banderole était frappée des revendications: "Contre l'austérité, pour les salaires, les services publics, l'emploi, la protection sociale".
Parmi les slogans scandés par les manifestants, on pouvait entendre "Hollande, Valls, Macron, au service des patrons, travailleurs, il faut qu'on l'ouvre" ou encore "Aucun soutien à ce gouvernement au service des patrons".
Francine Haegel, bibliothécaire strasbourgeoise croisée dans le cortège, a expliqué "manifester contre la précarisation des salariés, contre la casse du droit du travail, et contre la marche vers l'esclavage", pour qu'on "arrête de considérer les salariés comme la variable d'ajustement."
- Un quart des enseignants en grève -
Dans la matinée, plusieurs milliers de manifestants s'étaient rassemblés en régions, où plus de 80 défilés étaient programmés.
Parmi les cortèges les plus fournis, Marseille (7.000 selon la police), Bordeaux (10.000 manifestants, selon la CGT, 4.700 selon la police), Lyon (7.000, selon les organisateurs, 4.200 selon la police), Toulouse (8.000 selon les organisateurs, 4.000 selon la police), Nantes (3.000 selon la police), Rouen (5.000 selon les organisateurs, 2.800 selon la police) ou Rennes (2.200 selon la préfecture).
Côté grèves, hormis dans le ciel, où l'appel à la mobilisation télescope un mot d'ordre lancé par le premier syndicat de contrôleurs aériens, les transports devaient fonctionner normalement. La SNCF comme la RATP prévoyaient un trafic normal.
Près d'un quart (24%) des enseignants des écoles maternelles et élémentaires avaient en revanche cessé le travail jeudi dans le cadre de cet appel à la mobilisation, un taux qui grimpe à 50% à Paris et en Seine-Saint-Denis, selon les estimations du SNUipp-FSU, principal syndicat des professeurs des écoles.
Alors que Radio France est en grève depuis trois semaines, un appel à la mobilisation a aussi été lancé à France Télévisions. Dans le cortège parisien, l'intersyndicale de France Inter défilait avec une banderole "non à la casse de Radio France".
La Tour Eiffel sera fermée jusqu'à 18H00, les personnels d'exploitation (caissiers, agents d'accueil) du monument payant le plus visité au monde s'étant joints au mouvement.
Le Musée du Louvre a lui ouvert à midi seulement, avec trois heures de retard, en raison d'un piquet de grève organisé par des salariés devant la Pyramide, selon la direction.
Au total, près de 800 syndicats d?entreprises publiques et privées appellent à la grève, selon la CGT. A La Poste, seuls 6,65% des salariés avaient cessé le travail.
Une dizaine de jours après les élections départementales, la protestation des syndicats rejoint celle de certains politiques: les écologistes ont demandé un "changement de cap" et Martine Aubry un infléchissement en faveur "de l'emploi et de la croissance". A gauche, Lutte ouvrière, le NPA et le Front de gauche soutiennent l'initiative syndicale.
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