Battu, humilié, dépouillé, Maxime Gaget, 37 ans, a connu l'enfer pendant 15 mois. Le procès de son ex-compagne, jugée jeudi à Paris, met en lumière la question encore taboue des violences conjugales subies par des hommes.
"Quand j'ai récupéré mon fils, il était méconnaissable avec son visage tuméfié et c'est au son de sa voix que j'ai su que c'était bien lui. Il était d'une maigreur effrayante, il n'y avait pas un centimètre de son corps sans trace de coups", a raconté à l'AFP son père, Christian Gaget.
Hospitalisé avec huit phalanges cassées, Maxime a également subi des opérations de reconstruction du nez et d'une oreille et s'est vu délivrer 100 jours d'incapacité totale de travail (ITT).
Son ex-compagne, Zakia Medkour, 43 ans, sera jugée pour "violences, menaces et intimidations et escroqueries". Son avocate, Me Houria Si Ali, a fait valoir que sa cliente, "bipolaire", "n'était pas vraiment elle-même au moment des faits".
"L'histoire de Maxime Gaget nous rappelle que la violence n'a pas de sexe", souligne le psychanalyste Alain Legrand, directeur du centre "SOS Violences Familiales" qui l'a suivi à Paris.
"On estime qu'un homme meurt tous les treize jours sous les coups de celle avec qui il partage sa vie", rappelle-t-il. Par comparaison, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. "Pour certaines femmes l'homme doit avoir une conduite virile. S'il ne l'a pas, alors la violence est, selon elles, justifiée".
Environ 7.000 plaintes d'hommes victimes de violences conjugales sont comptabilisées chaque année, "mais on estime que seuls 2% des faits sont déclarés car les victimes ont trop honte de porter plainte", précise Sylviane Spitzer, fondatrice de "SOS Hommes Battus".
- "Comme pétrifié" -
Timide, courtois, s'exprimant dans un langage châtié, Maxime Gaget, qui a raconté son calvaire dans un livre "ma compagne mon bourreau" (Michalon), dit attendre du procès des réponses pour comprendre ce qui lui est arrivé et l'aider à dépasser son traumatisme.
Rien a priori ne semblait devoir rapprocher le jeune informaticien provincial de cette mère de famille algérienne au RMI, séparée et mère de deux enfants.
Sous le coup d'une rupture sentimentale, il rencontre Zakia en 2007 sur un forum de discussion où il joue les modérateurs et accepte sept mois plus tard d'emménager avec elle et ses enfants dans un studio parisien de 25 m2, pour "rebondir".
Qu'importe "son langage cru" et sa "démarche de camionneur" qui l'ont d'abord surpris, il espérait une relation "solide et durable", évoque une attirance "magnétique et irrationnelle" pour cette femme avec qui il aura sa première relation sexuelle, le soir même de leur premier rendez-vous.
Mais après deux mois d'un bonheur relatif, la romance vire au cauchemar. Aux premières gifles balancées à l'issue d'une soirée où Zakia avait mélangé alcool et cannabis, il ne réagit pas, comme pétrifié.
Il tente de s'accrocher à son rêve de fonder un foyer. La suite ne sera qu'un long calvaire: coups de poings, de manche à balai, de tabouret, brûlures. Hospitalisé à deux reprises, il dit avoir été agressé dans la rue. Ses absences lui font perdre son travail.
Réduit au rôle d'"esclave domestique" s'occupant des enfants et des tâches ménagères, il est cloîtré dans le studio ou un local extérieur, sauf pour faire les courses. Relégué pour dormir dans l'entrée à même le sol, interdit de salle de bain et de toilettes, il est enfermé dans un débarras lorsque sa compagne reçoit d'autres hommes.
Privé de ses papiers et cartes de crédit, il est peu à peu dépouillé de ses économies et menacé d'être dénoncé pour atteinte sexuelle sur ses enfants s'il ne se montre pas conciliant.
C'est le propre frère de Zakia qui donnera l'alerte, craignant que Maxime Gaget ne finisse "dans une petite boîte".
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