Le policier blanc inculpé du meurtre d'un homme noir à North Charleston, en Caroline du Sud, dernier épisode d'une série de bavures policières envers la communauté noire aux Etats-Unis, a été renvoyé, a annoncé mercredi le maire.
Cet incident a entraîné des rassemblements dans la ville de Charleston, bloquant parfois brièvement la circulation, notamment devant la mairie en scandant: "Arrêtez la violence policière".
Michael Slager, le policier de 33 ans, a été inculpé mardi après la diffusion d'une vidéo le montrant tirer plusieurs coups de feu samedi dans le dos de Walter Scott, 50 ans, qui n'était pas armé. Ils avaient eu une altercation après un contrôle routier, l'un des feux du véhicule de M. Scott ne fonctionnant plus.
M. Slager, qui risque la peine de mort ou 30 ans d'emprisonnement, a été incarcéré mardi.
"Le policier a été renvoyé", a indiqué mercredi le maire de la ville, Keith Summey, lors d'une conférence de presse. "Nous ne cautionnons pas ce qui est mal, peu importe qui" en est l'auteur, a poursuivi l'édile, plusieurs fois interrompu par des personnes criant "Pas de justice, pas de paix".
Une manifestation était prévue dans la ville en début de soirée mercredi.
"Nous ne voulons pas être traités différemment, nous voulons être traités équitablement et jusqu'à ce que nous soyons traités équitablement, nous continuerons à protester", a confié à l'AFP Calvin Bennett, un militant local.
Selon le maire, la ville a reçu une subvention pour l'achat d'une centaine de caméras individuelles destinées aux policiers en uniforme.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a évoqué une vidéo "horriblement difficile à regarder", illustrant que le port de caméras par les policiers "serait positif".
- Touché par cinq balles -
Cet incident intervient dans un contexte déjà tendu et risque de raviver davantage les tensions raciales aux Etats-Unis, déjà secoués par de récentes affaires d'hommes noirs abattus ou brutalisés par des policiers blancs.
Le père de M. Scott, également prénommé Walter, s'est dit anéanti par la mort de son fils.
"La façon dont on lui a tiré dessus, on aurait dit qu'il (le policier) essayait d'abattre une biche () Je ne sais même pas si c'est du racisme ou s'il a un problème mental", a-t-il dit mercredi à la chaîne NBC.
Après les coups de feu, le policier a d'abord affirmé via sa radio que la victime avait pris son pistolet paralysant, selon le quotidien New York Times.
Sur la vidéo envoyée par un témoin, on voit la victime, un homme corpulent, s'enfuir en courant avec difficulté, le policier dégainer son pistolet et tirer huit fois en direction de cet homme qui lui tourne le dos et qui s'effondre après le dernier coup de feu.
Dans le mandat d'arrêt, que l'AFP s'est procuré, il est indiqué que "Michael Thomas Slager () a illégalement et avec préméditation tué la victime. Il a tiré sur la victime à plusieurs reprises dans le dos après une altercation".
La famille de la victime avait rendu hommage dès mardi soir au "héros" qui a filmé la scène.
C'est un "ange", a déclaré mercredi à l'AFP Barbara Scott, une cousine. Sans cette vidéo, il n'y aurait "pas eu de justice. Sans preuve visible, c'est votre parole contre celle de la police. Et il semble qu'ils croient davantage la police".
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