Bercy a annoncé mercredi que la France réduirait bien son déficit public jusqu'en deça de 3% du PIB en 2017 mais sur la base de prévisions macroéconomiques, de croissance notamment, qui se veulent "prudentes" donc peut-être plus crédibles qu'auparavant.
En présentant les grands chiffres de la trajectoire de finances publiques et du scénario macroéconomique que le ministère des Finances prévoit d'ici la fin du quinquennat, l'entourage du ministre Michel Sapin a insisté sur la "prudence" ayant présidé à leur élaboration.
Echaudé par trois années passées à attendre une reprise économique qui ne s'est jamais présentée malgré les espoirs inscrits dans les différents textes budgétaires, Michel Sapin installé à Bercy depuis tout juste un an défend désormais le choix de passer d'"une vision qui était un objectif à atteindre à une vision qui est un plancher", a-t-il expliqué mercredi lors d'une conférence de presse à l'Elysée.
De fait, malgré un ensemble de bonnes nouvelles sur le front de la conjoncture, non seulement Paris maintient pour cette année une prévision de croissance de 1% du produit intérieur brut en affichant son espoir de "faire mieux" mais la France abaisse ses prévisions de croissance pour 2016 et 2017 à 1,5% au lieu de 1,7% et 1,9% prévus jusqu'ici.
Ces prévisions seront inscrites dans le programme de stabilité, un projet de budget pluriannuel 2016-2018, que le gouvernement doit présenter le 15 avril en conseil des ministres, puis à la commission des Finances de l'Assemblée nationale la semaine suivante, avant de l'adresser à Bruxelles, comme le font désormais chaque année tous les pays de la zone euro.
Le détail de ce projet de budget, les mesures d'économies dans la dépense publique notamment très attendues, ne sera connu que la semaine prochaine mais Bercy a dévoilé à l'avance les grands chiffres qui doivent encore être approuvés par le Haut conseil des Finances publiques.
Paris entend baisser régulièrement son déficit public (Etat, protection sociale, collectivités territoriales) jusqu'à l'équivalent de 2,7% du produit intérieur brut en 2017, avec deux étapes à 3,8% cette année puis 3,3% en 2016.
- Maîtrise de la dépense publique -
Grâce au résultat de 2014, où le déficit a atteint 4% du PIB au lieu de 4,4% prévu, cette trajectoire est plus ambitieuse que celle qu'avait recommandée la Commission européenne fin février. Cette dernière avait en effet assorti la concession d'un troisième délai à la France, de deux ans cette fois, pour ramener son déficit sous la barre des 3%, d'une trajectoire de 4% en 2015, 3,4% en 2016 et 2,8% en 2017.
Elle avait également recommandé un ajustement structurel (hors conjoncture) "surdimensionné", selon le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, de 0,8% en 2016 et de 0,9% en 2017.
En période de conjoncture plutôt favorable (baisse de l'euro, baisse des prix du pétrole, taux d'intérêts très bas), l'effort structurel est plus ardu à réaliser. Bercy a décidé de ne publier ses prévisions de déficit structurel que mercredi prochain, en même temps que l'ensemble de son texte budgétaire.
Pour mener à bien son retour à la vertu budgétaire, Bercy s'appuie notamment sur la maîtrise de la dépense publique. Après avoir représenté l'équivalent de 56% du produit intérieur brut en 2014, celle-ci serait réduite à 54,1% en 2017, soit de plus de 40 milliards d'euros en tendance.
Parallèlement, le gouvernement affiche un léger repli des prélèvements obligatoires (de 44,7% du PIB en 2014 à 44,2% en 2017).
Il compte en outre sur une petite reprise des créations d'emplois salariés privés à partir de 2016, qui participerait d'une augmentation du pouvoir d'achat et d'une reprise de la consommation des ménages.
Objet de toutes les attentions ces derniers jours, l'investissement des entreprises est enfin annoncé à la hausse par le gouvernement, qui le voit progresser de 1,2% en 2015 puis de 4,6% en 2016.
Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mercredi une série de mesures pour relancer l'investissement, seul "déclic" manquant au constat d'un début de vraie reprise économique en ce début d'année. Parmi ces mesures, une incitation fiscale à acheter du matériel industriel de 2,5 milliards sur cinq ans particulièrement bien accueillie par le patronat.
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