Les chefs de la diplomatie iranienne et pakistanaise ont affirmé mercredi soir vouloir "faciliter" le dialogue intra-yéménite pour trouver une solution politique au conflit qui secoue ce pays de la péninsule arabique dont des secteurs sont bombardés par une coalition menée par l'Arabie saoudite.
Le Pakistan tente actuellement de ménager l'Arabie saoudite, son allié historique qui lui fournit une précieuse aide économique, et l'Iran, son voisin avec qui il partage une frontière poreuse mais est farouchement opposé à la coalition arabe bombardant depuis deux semaines les positions des rebelles chiites Houthis au Yémen.
Islamabad souhaite à la fois favoriser le dialogue au Yémen, tout en affirmant être prêt à intervenir militairement si l'intégrité du territoire de son allié saoudien était menacée.
Mercredi soir, le numéro Un de la diplomatie pakistanaise Sartaj Aziz a accueilli à Islamabad son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. Les deux ont plaidé pour aider le "dialogue intra-yéménite" afin de sortir de la crise au Yémen.
"Un cessez-le-feu, l'aide humanitaire, un dialogue intra-yéménite et la formation d'un gouvernement d'union! Il appartient aux Yéménites de décider comment y parvenir, nous ne pouvons que faciliter cela à titre de voisins, de pays de la région, de pays dotés d?influence () Voici les quatre points qui définissent la ligne de notre gouvernement et je pense qu'il y a un consensus général" sur la voie à suivre, a déclaré M. Zarif.
Selon lui, ce "consensus" autour de la position iranienne émerge de rencontres avec des responsables d'Oman, voisin du Yémen, ainsi que de Turquie et du Pakistan, non membres de la coalition arabe mais comptant parmi les plus importantes armées du monde musulman.
Le chef de la diplomatie pakistanaise a, lui, souligné qu'une "résolution de compromis" au Conseil de sécurité de l'ONU pourrait faciliter un cessez-le-feu et des pourparlers de paix.
"Tout le monde devrait faciliter ce dialogue pour en arriver à une solution politique. Vous voulez avoir un représentant de l'ONU pour faire cela? () il y a déjà des discussions à ce propos", a répondu M. Zarif à un journaliste.
Interrogé sur un soutien iranien aux rebelles chiites Houthis qui ont délogé le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi et poussé jusqu'à Aden, dans le Sud, théâtre de combats quotidiens entre partisans et adversaires du chef de l'Etat, M. Zarif a plutôt accusé l'Arabie saoudite. "Nous ne bombardons nulle part. Nos avions ne ciblent pas des hôpitaux, des ponts et des usines de farine. Mais nous ne voulons pas raviver le passé, mais finir" ce conflit, a-t-il déclaré.
A la demande du Premier ministre Nawaz Sharif, les parlementaires pakistanais sont réunis depuis lundi en assemblée spéciale pour débattre de la participation ou non du Pakistan à la coalition arabe. De nombreux élus ont émis des réserves affirmant que le Pakistan avait déjà payé un lourd tribut de son engagement en Afghanistan et compte la deuxième population musulmane chiite au monde, après l'Iran.
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