Aux Philippines, archipel catholique et populeux d'Asie du Sud-Est, on bâtit des cathédrales où le diable a table ouverte: des méga-casinos flanqués d'hôtels clinquants, sur le modèle de ceux qui ont fait la fortune de Las Vegas ou Macao.
Des tuiles de mahjong aux écrans des smartphones, les Asiatiques sont des joueurs fervents. Ils devraient rapporter près de 80 milliards de dollars cette année aux entreprises du secteur, selon le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers.
Les casinos de Macao se taillent la part du tigre (44 milliards USD en 2014), loin devant le célèbre "Strip" de Las Vegas (6,3 milliards) et Singapour (environ 6 milliards).
Mais Macao, seul territoire chinois à autoriser les jeux d'argent, se heurte à l'opération "mains propres" lancée par le président chinois Xi Jinping pour endiguer la corruption des élites et redorer le blason de la nomenklatura communiste.
L'essoufflement de l'économie chinoise joue également à plein et le président Xi a incité fin 2014 à se tourner vers d'autres moteurs de croissance.
Les "VIP", ces joueurs riches à millions capables de miser le prix d'une Rolls sur un tour de roulette, désertent l'ancienne colonie portugaise dont les revenus du jeu devraient se contracter à 30 milliards de dollars US cette année, selon les estimations du gouvernement.
Les casinos philippins, de leur côté, affichent une croissance insolente: les trois établissements du pays, tous situés dans la capitale Manille, ont dégagé des revenus de 2,2 milliards de dollars en 2013, 2,5 milliards en 2014 et le monopole public des jeux d'argent PAGCOR table sur 3 milliards pour l'exercice courant.
"Cela ne peut que continuer, le secteur est très attractif et il commence tout juste à séduire les gros portefeuilles", prédit Astro del Castillo, directeur général du cabinet financier First Grade Holdings.
Manille compte deux complexes dédiés au jeu: le Resorts World Manila ouvert en 2009, et Entertainment City.
Implantée dans la baie de Manille sur 8 km2 au coeur d'une zone économique spéciale, Entertainment City ambitionne de devenir d'ici à 2020 "la première destination pour le jeu et le divertissement en Asie du Sud-Est" avec un chiffre d'affaires espéré de 7 milliards de dollars US.
Ses deux premiers casinos ont ouvert au cours des douze derniers mois et deux autres doivent surgir de terre dans les années à venir.
Lawrence Ho, fils du magnat des casinos macaoiens Stanley Ho, a signé un gros chèque pour s'associer à la construction du "City of Dreams", inauguré en février.
"L'objectif est de trouver les meilleures opportunités en Asie et l'économie des Philippines est l'une des plus dynamiques du monde", avec une croissance de 6,1% en 2014, expliquait-il alors.
- Fonds marins de première classe -
J.P. Morgan estime que les casinos philippins pourraient afficher des revenus cumulés de 4,5 milliards d'ici 2018 et 5 à 5,5 mds USD d'ici 2020, à quelques jetons du "Strip".
Les Philippines ont plusieurs atouts dans leur manche: leur proximité géographique avec la Chine, des prix attractifs dans l'hôtellerie et la restauration, mais aussi des plages et des fonds marins de première classe qui pourraient doper les séjours combinant jeu et villégiature.
Les casinos y sont en outre moins taxés que leur concurrents régionaux, la publicité pour les établissements de jeu est légale, et les autorités ne posent aucune entrave à leur fréquentation par les locaux, contrairement à la Corée du Sud (interdiction quasi totale), la Malaisie (interdiction aux musulmans) ou à Singapour (droit d'entrée prohibitif).
Aaron Fischer, analyste chez le courtier CLSA, identifie toutefois deux difficultés: le "faible niveau d'investissements dans les infrastructures entre l'aéroport de Manille et les +resorts+", et la sécurité.
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