La journée de mercredi s'annonce rude pour le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui doit présenter un plan prévoyant quelque 300 suppressions d'emplois à des salariés plus que jamais mobilisés, après avoir été mis sur le grill par les députés de la commission des Affaires culturelles.
La grève la plus longue de l'histoire du groupe, reconduite la veille à l'unanimité à main levée par plus de 500 salariés en assemblée générale, est entrée mercredi dans sa 21e journée. Les syndicats, qui réclament la nomination d'un médiateur, ont demandé, dans une lettre ouverte, à la ministre de la Culture Fleur Pellerin de jouer ce rôle.
Pour sa part, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a estimé nécessaire le départ de Mathieu Gallet. Son départ "n'est pas la seule solution", mais "on est arrivé à un point de non retour" dans ce conflit, a-t-il affirmé.
Le plan stratégique, que le Pdg de Radio France doit présenter en fin de matinée devant un Comité central d'entreprise extraordinaire, vise à assainir les comptes du groupe (4.600 salariés), en déficit de 21,3 millions d'euros cette année.
Un redressement financier qui passe par des réductions d'effectifs, l'arrêt des ondes longues et moyennes, la création de webradios et une refonte de France Musique, selon le plan dont l'AFP a obtenu copie.
Mathieu Gallet prévoit "une réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", à travers 300 à 380 départs volontaires, dans tous les secteurs d'activités, privilégiant des salariés âgés.
Départs en partie compensés par la création de 50 postes dans de nouveaux métiers. Impact : une réduction de "18 à 24 millions d'euros" de la masse salariale.
Il propose aussi de mettre fin aux émissions en ondes longues et ondes moyennes. Economie visée : 16 millions d'euros.
-'des auditeurs qui se lamentent'-
Les deux orchestres de Radio France, dont le maintien est assuré à la demande de Fleur Pellerin, doivent être "redimensionnés".
Autre piste pour rééquilibrer les comptes, une "diversification" des ressources qui vise à rapporter 8 à 16 millions d'euros, grâce notamment à un élargissement des secteurs autorisés à faire de la publicité sur les antennes et à une croissance des recettes liées au numérique (1,4 million).
Le plan propose aussi de créer des "webradios adossées aux chaînes", notamment de France Musique qui doit être recentrée sur la musique classique et le jazz.
Lors d'une assemblée générale mardi, les syndicats ont exprimé leur défiance vis-à-vis des projets du PDG.
Estimant qu'ils n'ont "plus d?interlocuteur", ils se sont tournés vers Fleur Pellerin. "Nous vous demandons d?intervenir en tant que médiatrice, dans une situation où vous avez commencé à vous engager", ont-ils écrit dans leur lettre ouverte. "Nous avons noté que le seul véritable progrès dans la négociation est lié à votre intervention".
La ministre avait assuré, dans un entretien à l'AFP vendredi, que Mathieu Gallet "avait toutes les cartes en main pour sortir du conflit". "C'est à lui de rétablir le dialogue social", avait-elle dit.
Dans une lettre à Mathieu Gallet, dont l'AFP avait obtenu copie, Fleur Pellerin jugeait aussi que "l'emploi n'est pas la seule variable d'ajustement", tout en estimant "sans doute nécessaire" des départs volontaires,
Avant d'affronter les syndicats, Mathieu Gallet sera auditionné mercredi matin par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée dont le président Patrick Bloche (PS) a reçu la semaine dernière, comme d'autres députés, l'intersyndicale de Radio France.
"Nous recevons des messages d'auditeurs et auditrices qui se lamentent", a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous partageons un certain nombre des préoccupations des syndicats et espérons une sortie de crise par le haut".
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