L'ancien maire socialiste de Tours, Jean Germain, a été retrouvé mort mardi après avoir laissé une lettre d'adieu au moment où il devait comparaître devant la justice dans l'affaire des "mariages chinois" organisés dans sa ville.
Jean Germain a été retrouvé mort dans le garage de son domicile de Tours. "Il s'agit vraisemblablement d'un suicide à l'aide d'une arme de chasse", a déclaré à la presse le procureur de la République, Jean-Luc Beck.
Le président de la République, François Hollande, dont Jean Germain était considéré comme proche, a salué la mémoire d'un "grand élu".
"C'est un drame terrible qu'un homme puisse se supprimer parce qu'il ne veut pas que son honneur soit atteint () Un grand élu vient de disparaître dans des conditions qui sont particulièrement cruelles", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au côté de son homologue tunisien Béji Caïd Assebsi.
Le sénateur PS, âgé de 67 ans, était poursuivi pour "complicité" dans l'organisation, à la mairie de Tours, de simulacres de mariage pour touristes chinois qui ont donné lieu à des malversations, selon les magistrats instructeurs et le parquet.
Mais alors que le procès devait s'ouvrir mardi matin pour trois jours au palais de justice de Tours, son avocat, Dominique Tricaud, a annoncé lors de l'appel des accusés que son client avait "disparu en laissant une lettre d'adieu".
"Je sais le mal que je vais faire, la peine que je vais diffuser à ceux qui m'aiment mais on ne peut laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement", écrivait Jean Germain. "Il est des êtres, j'en suis, pour lesquels l'injustice et le déshonneur sont insupportables", ajoutait l'ancien maire.
"Jean Germain est mort, c'est un martyr de la République. Dans cette affaire, il a été jeté aux chiens et comme il l'a écrit dans la lettre qu'il a laissée, leur conscience les poursuivra", a déclaré Me Tricaud.
- Drapeaux en berne -
Le dossier des "mariages chinois" tire son origine dans l'organisation entre 2007 et 2011 pour une clientèle chinoise de "Noces romantiques en Touraine". Celles-ci comprenaient des visites de châteaux de la Loire, ainsi que de la ville de Tours, dont le maire, ceint de son écharpe tricolore, posait pour la photo lors de simulacres de mariages.
Des dizaines de couples chinois sont ainsi venus chercher, sur les bords de la Loire, une touche d'exotisme à la française.
Une ancienne membre du cabinet du maire, Lise Han, est mise en examen pour escroquerie dans cette affaire. La justice la soupçonne d'avoir été la gérante de fait de la société organisant ces mariages.
Jean Germain, poursuivi pour "complicité de prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", a fait savoir qu'il ignorait les agissements de Lise Han.
Interrogée dans la salle d'audience alors que l'on recherchait Jean Germain, Lise Han ne voulait pas croire à son suicide. "Je n'aurais jamais imaginé ça. C'est un homme bien, mais il est humain Il peut faire des erreurs", a-t-elle commenté.
"Tombeur" de Jean Royer, qui avait dirigé la ville à droite pendant 36 ans, Jean Germain, maire de Tours de 1995 à 2014, a été battu aux dernières élections municipales, alors qu'il briguait un quatrième mandat.
Ancien universitaire, fils de pâtissier, père de deux enfants, Jean Germain était sénateur d'Indre-et-Loire depuis 2011.
"Les mariages chinois, c'était une bonne idée Je l'ai toujours dit", a commenté l'actuel maire, l'UMP Serge Babary, qui a fait mettre en berne les drapeaux des édifices publics.
Après avoir soutenu Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007, Jean Germain s'était rallié à François Hollande pour les primaires socialistes de la dernière présidentielle. Il conseillait alors le futur président de la République pour les questions d'éducation.
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