Avec la confirmation mardi par Vivendi du dépôt d'une offre sur Dailymotion que son propriétaire Orange doit examiner dans la journée lors d'un conseil d'administration exceptionnel, cette pépite tricolore semble devoir rester dans le giron d'un groupe français, à la satisfaction du gouvernement.
Dans un communiqué laconique, Vivendi a seulement indiqué "avoir déposé une offre auprès d'Orange dans le dossier Dailymotion", confirmant des informations de presse, au lendemain de l'abandon des discussions de rachat de la plateforme de vidéos par le groupe hongkongais PCCW.
Le groupe de médias français n'a précisé ni la taille ni le montant de son offre, alors que le quotidien Le Monde affirmait lundi qu'elle visait à racheter la "quasi-totalité" de la plateforme pour 250 millions d'euros.
Cette offre "négociée par le directoire devrait être présentée et débattue mardi 7 avril lors d'un conseil d'administration exceptionnel de l'opérateur" Orange, ajoutait Le Monde, une information confirmée mardi à l'AFP par une source proche du dossier.
L'intérêt des groupes allemands Axel Springer et Bertelsmann a également été évoqué dans la presse.
"Ce n'est pas vrai", a cependant indiqué une source proche d'Axel Springer à l'AFP.
En juin dernier, des discussions, engagées entre l'opérateur Orange et la société de télévision payante Canal+ (groupe Vivendi) pour trouver un partenaire, avaient échoué.
Le groupe hongkongais PCCW a annoncé lundi sa décision de "mettre un terme" aux discussions pour acquérir 49% de la plateforme Dailymotion, en raison de l'attitude du gouvernement français, qui a souhaité laisser le temps à un partenaire européen de se manifester.
Le ministre de l'Economie et de l'Industrie, Emmanuel Macron, au nom de l'Etat actionnaire d'Orange à 24,9%, avait demandé à Orange de ne pas accorder d'exclusivité à PCCW avant d'avoir discuté avec l'ensemble des partenaires potentiellement intéressés, dans l'idée de favoriser une solution européenne.
Il s'agissait de laisser au groupe français Fimalac le temps de faire une offre, avait par ailleurs affirmé à l'AFP une source proche du dossier.
- Rival de YouTube -
L'opérateur Orange, propriétaire de Dailymotion, avait toutefois précisé que le groupe "n'était pas en négociations exclusives avec qui que ce soit", tout en expliquant "ne pas être hostile à l'entrée d'un partenaire stratégique pour accompagner et accélérer le développement de Dailymotion".
Ce nouveau rebondissement symbolise les inquiétudes ressenties ces dernières années en France, pays qui a du mal à faire émerger des champions high-tech au niveau mondial alors qu'il produit pourtant de nombreuses start-up, souvent rachetées par des groupes non tricolores.
Ce n'est en effet pas la première fois que le gouvernement met son veto à un rachat de tout ou partie de la pépite française par un acteur étranger.
Alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg s'était opposé en avril 2013 à la prise de contrôle contre 300 millions de dollars de 75% du capital de Dailymotion par le géant américain Yahoo!, faisant échouer les discussions menées par Orange.
Ce veto avait déclenché une large polémique sur le protectionnisme économique français et avait, pour certains patrons, porté un coup à l'attractivité de la France pour les investissements étrangers.
Dailymotion, une start-up lancée en 2005, est le site internet qui affiche la plus forte audience en Europe (selon Comscore) avec 128 millions de visiteurs uniques par mois.
Le site, qui existe en 18 langues et n'a pas encore atteint la rentabilité, a une forte présence en Turquie et en Asie notamment et ne réalise que 10% de son chiffre d'affaires en France.
Le patron du conseil de surveillance de Vivendi, Vincent Bolloré, s'est finalement décidé à relever le défi de créer un acteur européen face au grand leader mondial YouTube, un projet qu'Orange n'a jamais paru en mesure de mettre en oeuvre, que ce soit par manque de volonté ou de moyens.
Parallèlement à un désengagement de nombreux actifs qui lui a permis de récolter 15 milliards d'euros, le groupe mène une stratégie de diversification de ses contenus médias.
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