Excédée par les cris du bébé, la nourrice avait bu "pour se détendre". Accusée d'avoir ensuite secoué et frappé le nourrisson, lui occasionnant un handicap irréversible, cette quadragénaire est jugée à partir de mardi aux assises à Versailles.
Agée de 45 ans, cette femme mariée, mère de trois enfants, ne possédait pas d'agrément mais connaissait la famille du bébé avant de le garder.
Elle comparaîtra libre sous contrôle judiciaire devant la cour d'assises des Yvelines. Face à elle, les parents du nourrisson dont la vie a basculé le 30 mars 2010.
Ce jour-là, un coup de fil alarmant de la nourrice. Père et mère accourent paniqués chez elle à Houilles, dans les Yvelines. Ils y trouvent leur bébé de 5 mois et demi blessé au visage et au bras, inconscient.
La nourrice est ivre (1,35 g d'alcool par litre de sang) et en pleine crise d'hystérie. Son explication: le bébé est tombé seul de son transat, face contre terre.
Dans le coma, l'enfant est évacué à l'hôpital. Les médecins qui l'examinent recensent alors de multiples lésions: fracture de la voûte du crâne, hémorragies intracrâniennes, hématomes au visage et sur le cuir chevelu, fracture au coude, traces de morsures récentes.
Devant les enquêteurs, la quadragénaire avance une nouvelle version, rapporte une source judiciaire.
Dépressive depuis plusieurs années, elle boit le jour du drame plusieurs verres de vin cuit, "pour se détendre", justifie-t-elle, car elle ne supporte plus les hurlements du nourrisson.
Face à ses pleurs, elle le tire violemment de son siège auto pour aller le changer, lui crie de se taire - "Tu me fais chier!" -, le jette sur la table à langer, relate-t-elle. La tête du petit garçon heurte le meuble dans "un grand crac". Il chute ensuite au sol, dit-elle, et pour le ranimer elle le secoue, le met sous la douche, le gifle. La scène aura duré 25 minutes.
- Marionnettes -
Selon les médecins, ce récit peut correspondre aux blessures à ceci près que le bébé semble avoir été secoué bien plus violemment que ce qu'affirme la nourrice, possiblement avant sa chute, et giflé très fort.
Elle réfute lui avoir fait du mal intentionnellement et l'avoir mordu.
En plus de ces blessures, des lésions crâniennes vieilles de quinze jours font craindre aux médecins un précédent épisode de secousses.
D'autant qu'avant ces faits déjà, le bébé semblait prendre peur lorsque des mains s'approchaient de son visage. Selon une source judiciaire, sa mère a expliqué qu'il se mettait à pleurer lorsqu'elle chantait, gestes à l'appui, "Ainsi font, font, font, les petites marionnettes"
La nourrice nie l'avoir jamais secoué auparavant. Tardivement, elle accuse la soeur adolescente du bébé de l'avoir un jour lancé en l'air, contre une "hotte de cuisine".
Il est encore trop tôt pour connaître les séquelles définitives que conservera le petit garçon, aujourd'hui âgé de cinq ans et demi.
Scolarisé dans une école spécialisée, il souffre d'une "atrophie d'une partie du cerveau", souligne Me Jean-Louis Chalanset, avocat des parents. "Il restera handicapé à 60% au moins".
Ses médecins pointent quant à eux des "séquelles motrices permanentes".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.