Le groupe hongkongais PCCW a annoncé lundi sa décision de "mettre un terme" aux discussions pour acquérir 49% de la plateforme de vidéo Dailymotion (Orange), en raison de l'attitude du gouvernement français, qui préfère laisser le temps à un partenaire européen de se manifester.
"La volonté exprimée du gouvernement français de favoriser la recherche d'une solution européenne décourage la participation d?entreprises internationales. Nous avons donc décidé de mettre un terme à nos discussions avec Dailymotion et ses propriétaires actuels", explique PCCW dans un communiqué.
Le ministre de l'Economie et de l'Industrie Emmanuel Macron, au nom de l'Etat actionnaire d'Orange à 24,9%, propriétaire de Dailymotion, s'était opposé mercredi à la démarche du groupe hongkongais qui souhaitait entrer en négociations exclusives, pour laisser le temps à un partenaire européen de se manifester.
L'Etat avait demandé "à Orange de ne pas accorder d'exclusivité à PCCW avant d'avoir discuté avec l'ensemble des partenaires potentiellement intéressés", rappelle Bercy lundi auprès de l'AFP.
L'opérateur Orange, propriétaire de Dailymotion, avait cependant précisé que le groupe "n'était pas en négociations exclusives avec qui que ce soit", tout en expliquant "ne pas être hostile à l'entrée d'un partenaire stratégique pour accompagner et accélérer le développement de Dailymotion".
Orange contrôle Dailymotion depuis 2012 et cherche activement un partenaire en mesure de financer la croissance de cette plateforme de vidéos en ligne, rivale de YouTube, et d'assurer son développement hors d'Europe.
Bercy a réagi lundi en indiquant que le refus de laisser Orange et PCCW entrer en négociations exclusives était "une décision avisée d'actionnaire qui a permis d'ouvrir avec plusieurs offreurs potentiels des discussions".
Si, aux yeux de Bercy, PCCW "demeure un partenaire crédible et de qualité aux yeux du gouvernement", "Orange poursuit des discussions et travaux qui conduiront à soumettre en temps voulu au conseil d'administration les solutions envisagées".
Contactés par l'AFP, Orange n'avait pas encore réagi lundi en début d'après-midi.
PCCW est dirigé par Richard Li, le fils du milliardaire chinois Li Ka-shing, lui-même à la tête de l'opérateur Hutchison Whampoa, qui a de fortes ambitions en Europe.
Le groupe, présent dans les télécoms, les médias et d'autres secteurs, cherchait "à nouer avec Dailymotion un partenariat de nature à rapidement donner à sa plateforme de vidéos une envergure mondiale suffisante, sur un marché où la taille critique est vitale pour se développer", précise le communiqué publié lundi.
Le fonds hongkongais "continuera à investir dans des partenariats de nature à soutenir le développement international de ses activités dans le domaine des média et plateformes vidéo en ligne".
- Précédent veto en 2013 -
Le 1er avril, une source du ministère de l'Economie affirmait à l'AFP qu'il ne pouvait "pas y avoir de négociations exclusives" entre Orange et PCCW. "Il est nécessaire que toutes les options (sur la table) puissent être examinées en prenant en compte l'enjeu de souveraineté européenne", avait ajouté la même source.
L'idée serait de chercher à créer un acteur européen face au grand leader mondial YouTube.
Il s'agissait de laisser au groupe français Fimalac le temps de faire une offre, avait par ailleurs affirmé à l'AFP une source proche du dossier.
L'intérêt des groupes allemands Axel Springer et Bertelsmann, et de Vivendi, a également été évoqué dans la presse.
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement met son veto à un rachat partiel de la pépite française Dailymotion.
En 2013, le prédécesseur d'Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, avait bloqué un projet de rachat de 75% de Dailymotion par le groupe américain Yahoo!.
Ce veto avait déclenché une large polémique sur le protectionnisme économique français et avait, pour certains patrons, porté un coup à l'attractivité de la France pour les investissements étrangers.
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