Lorsque Sasa Pesic, chômeur dans une Serbie économiquement ébranlée, découvre en 2008 quatre chiots abandonnés, sa vie change de cours. Il se transforme alors en protecteur des chiens errants. Son refuge à Nis (sud) en abrite aujourd'hui plus de 450.
La Serbie compte dans ses rues des dizaines de milliers de chiens abandonnés, un problème récurrent dans les pays en transition. Leur nombre exact est pratiquement impossible à déterminer, selon la direction vétérinaire du pays.
Quand Sasa pénètre dans son refuge, sur un terrain vague non loin du centre de Nis à 220 km au sud-est de Belgrade, des centaines de chiens, la plupart des bâtards de toutes les tailles et couleurs, accourent en aboyant joyeusement et en remuant la queue pour le saluer.
Sasa les caresse longuement: "Je sais exactement comment chacun est arrivé chez moi, je connais leurs noms, leurs caractères", raconte cet homme brun de 45 ans, qui leur consacre désormais sa vie.
Son refuge est un grand espace cloîtré entourant l'étable d'un ancien club équestre. Il l'a squatté et aménagé en 2010 avec l'aval de l'ancien propriétaire du club. Et dans cet espace, les chiens sont en liberté dehors, toute la journée.
"On ne les introduit dans les boxes qu'à la tombée de la nuit. Comme ça ils sont heureux", assure Sasa. Tous sont vaccinés, stérilisés et munis de puces électroniques, précise-t-il fièrement.
- Un travail laborieux et à plein temps -
Bien qu'épaulé par six volontaires, Sasa consacre aux chiens la quasi totalité de ses journées. "Je n'ai même pas le temps de manger convenablement et encore moins de penser à une vie privée, il faut se battre tous les jours pour assurer de la nourriture et des soins pour tous ces animaux", confie-t-il.
Au début de son aventure, il s'approvisionnait auprès des boulangers et des abattoirs locaux, d'où il emportait du vieux pain et des restes de viandes non utilisés. Cela s'est très vite avéré insuffisant.
Ainsi a commencé la course aux dons, notamment via les réseaux sociaux sur internet. "Les gens, particulièrement de l'étranger, se sont montrés très réceptifs et ont soutenu notre projet. Pour 400-500 chiens, il faut compter entre 5.000 et 6.000 euros de dépenses par mois", explique Sasa Pesic.
Au départ en 2008, Sasa s'occupait des chiots recueillis dans un bois voisin de son domicile. Mais le nombre de ses protégés a vite dépassé la cinquantaine, le contraignant à trouver une solution pérenne.
Problème: la municipalité de Nis assure que le terrain du centre équestre lui appartient et a récemment intimé à Sasa de quitter les lieux avec ses protégés.
Le soutien des défenseurs des animaux ne s'est pas fait attendre. Des dizaines de milliers de personnes ont signé une pétition pour empêcher la fermeture du refuge, poussant ainsi la municipalité à reculer et promettre une solution.
"La ville soutient ce que fait Sasa, notre idée est de lui permettre de continuer à travailler, mais dans un cadre entièrement légal cette fois-ci. Nous n'allons certainement pas permettre que ces chiens retournent dans la rue, ce serait une catastrophe", assure Jovan Stojkovic, responsable municipal à Nis et chargé du dossier.
Ana Mitrovic, 35 ans, l'une des volontaires qui aident Sasa, croit en la bonne volonté des autorités locales. "Je suis persuadée que la ville va nous aider à trouver d'ici la fin de l'année un endroit approprié, une solution durable pour poursuivre nos activités", dit-elle.
Et ce, d'autant plus que le refuge s'efforce de placer ses pensionnaires: "Depuis l'ouverture, nous avons réussi à faire adopter 250 chiens", se réjouit Sasa.
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