A la sortie de la cathédrale de New Delhi lors du dimanche des Rameaux, les fidèles exprimaient un mélange de crainte et de consternation après une série d'actes de vandalisme dans des églises et le viol d'une religieuse septuagénaire.
Les chrétiens ont longtemps vécu dans une relative harmonie en Inde avec les musulmans, les bouddhistes et les autres minorités religieuses ainsi qu'avec les hindous, qui forment l'essentiel des 1,2 milliard d'habitants.
Mais les incendies criminels et les actes de vandalisme qui ont touché des églises et une école ont ébranlé la communauté et ouvert de nouvelles lignes de fracture dans le pays. Le viol d'une religieuse septuagénaire dans le Bengale occidental (est) a encore accru les inquiétudes.
"J'ai vraiment peur. Avant de venir à l'église, je regarde à droite, à gauche et un peu tout", dit Cyril Samion à l'AFP, devant la cathédrale du Sacré-Coeur de Delhi.
A l'approche de Pâques, les fidèles disent prier pour les responsables de ces attaques, survenues essentiellement dans la capitale.
"Un lieu saint où les gens viennent prier ne devrait jamais être attaqué", dit Anthony Velangani, devant la cathédrale.
"Et c'est pourquoi nous sommes si tristes. Il est inutile d'accabler qui que ce soit. Nous prions Dieu pour qu'il donne un peu de bon sens aux gens qui sont derrière tout cela", ajoute-t-il.
Les responsables catholiques imputent les récents actes de vandalisme aux extrémistes hindous qui, selon eux, se sont sentis encouragés par l'arrivée au pouvoir du Premier ministre nationaliste hindou, Narendra Modi.
Pour le père Maria Susai, qui célèbre à la cathédrale, ces attaques s'inscrivent dans une campagne menée par des groupes tels que l'influent Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) pour "marginaliser les minorités en Inde".
Le RSS a démenti toute responsabilité mais son chef Mohan Bhagwat a déclenché un tollé en février en déclarant que les efforts de Mère Teresa en Inde auprès des pauvres avaient été motivés par un désir de convertir les Indiens au christianisme.
Modi, qui a passé plusieurs années au RSS, a récemment promis de sévir contre les auteurs de violences religieuses et d'assurer la liberté religieuse, après avoir été fortement critiqué pour son absence de réaction face aux violences.
Mais pour le père Susai, le gouvernement n'agit pas suffisamment pour garantir la sécurité de tous et non seulement des hindous. "C'est la période la plus sombre de la politique indienne", dit-il à l'AFP.
- Conversions de masse -
Les tensions entre chrétiens, qui représentent 2,3% de la population, et hindous ont émaillé l'histoire, en particulier dans l'Etat de l'Orissa (est).
Des émeutes anti-chrétiennes y avaient fait plus de 100 morts en 2008, selon des groupes chrétiens, après que des hindous eurent accusé des chrétiens du meurtre d'un religieux hindou.
Des groupes comme le RSS ont aussi accusé des missionnaires d'avoir voulu convertir des populations tribales ou d'autres groupes pauvres, ce que dément le clergé.
Mais la majorité des chrétiens a toujours vécu en paix en Inde, concentrés pendant des années dans le nord-est, l'Orissa et les Etats de Goa et du Kérala dans le sud.
Depuis décembre, les actes de vandalisme ont suscité la colère et une manifestation de protestation de chrétiens à Delhi.
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